Bien que postérieurs au Discours de la méthode et aux Méditations métaphysiques, les Principes de la philosophie de Descartes se donnent pour but de fonder rigoureusement l'entreprise philosophique cartésienne dont le but est d'atteindre la vérité, ou plus particulièrement sa connaissance. L'extrait de la lettre-préface dont nous disposons établit le caractère nécessaire de la pratique de la philosophie par le sujet, discipline qui, en tant qu'elle constitue "l'étude de la sagesse" lui permet justement d'accéder à une telle connaissance, par le bien de laquelle l'homme est apte à s'accomplir et se réaliser en tant que tel, tant moralement que pratiquement. Facilité par la pratique de la sagesse, l'accès à la connaissance de la vérité, envisagé comme une véritable démarche scientifique, est considéré par le philosophe comme un bien souverain auquel le sujet aspire dans toute son humanité.
Au cours de son développement, Descartes traite du caractère nécessaire pour la conduite de la vie humaine, de la pratique de la philosophie et de la quête de la sagesse, les érigeant au rang de principes incontournables de l'accès à la connaissance. Il affirme par la suite la primauté d'une telle entreprise de connaissance sur toute autre, en particulier une démarche empirique ou passionnelle : la connaissance de la vérité par l'exercice de la sagesse est envisagée comme un bien souverain que le sujet ne peut qu'aspirer à atteindre en tant qu'il est doué d'âme et d'esprit. Ainsi acquis, le savoir est à même de s'inscrire dans une démarche scientifique et peut, en tant qu'il relève de l'évidence, être déduit par ses principes mêmes.
[...] Cependant, il semble que le sujet ne soit pas nécessairement capable de déterminer la nature de cette recherche par lui même. En stipulant que le sujet "ignore souvent en quoi [cela] consiste", après avoir établi qu'il ne sait pas forcément qu'il en est capable, Descartes semble s'imposer comme une sorte de prophète: il explique aux hommes, non seulement quelles sont leurs possibilités (puisque tous apparaissent capables de tendre vers la sagesse en tant qu'ils sont doués d'humanité) mais également au service de quel bien souverain ils doivent les exploiter. [...]
[...] Parmi ces choses, on peut bien évidemment compter les trois exemples dont Descartes fait mention dans son développement. Ainsi, l'accès à la connaissance de la vérité n'est pas quelque chose de fortuit, c'est le fruit d'un cheminement conscient et volontaire. Atteindre la vérité par hasard est une possibilité que Descartes n'écarte pas au cours des Méditations métaphysiques, simplement, il considère que cela n'a pas valeur de science; ici, c'est à peu de choses près le même principe, dès lors que l'on considère que le hasard est écarté de la quête du bien souverain dont il fait mention. [...]
[...] Cette hypothèse d'une seconde vision, propre à l'entendement, est servie par la comparaison qui dressée par la suite: à la vision de la simple vue, Descartes oppose la connaissance atteinte par l'exercice de la philosophie, il va même jusqu'à opposer le plaisir que procure la première à la satisfaction permise par la seconde, établissant un ordre de valeur entre les deux notions. Ainsi, ce que la vue voit simplement, la philosophie est à même de le connaître; on peut facilement observer dans ces deux cas de figure la dimension accordée au rôle de l'entendement: dans le cadre de la vision, il est simplement passif, submergé par les images, potentiellement trompeuses, que lui transmettent les yeux alors que dans celui de la connaissance, il est acteur de cette connaissance à laquelle il accède par l'exercice de sa sagesse et qu'il s'approprie. [...]
[...] Simplement, si Rousseau envisage une telle chose comme la cause des excès humains, pour Descartes, c'est le moyen pour l'homme d'accéder à un bien plus grand: la connaissance. Somme toute, la négligence du corps physique au profit du seul esprit apparaît comme quelque chose de contre nature, pour cela, la médecine constitue une des branches de l'arbre qui représente la philosophie selon Descartes, même si c'est bel et bien l'âme qui en est le principe premier puisqu'en étant les racines. [...]
[...] Puisque le recours aux sens est assimilé aux animaux, c'est naturellement qu'une comparaison est dressée entre la "bête brute", qui elle n'a que ses sens et son instinct pour la guider, et l'homme qui lui se doit de pratiquer la philosophie puisque doté d'un esprit. La distinction cartésienne entre l'humanité et l'animalité est en effet basée sur le fait que l'animal, bien que capable de percevoir et d'agir par lui- même, ne dispose ni d'âme ni d'entendement. Cette comparaison sous-tend ce qui est ici mentionné, à savoir que le physique et la conservation du corps sont l'affaire des animaux, puisqu'il n'ont pas d'esprit à proprement parler, alors que l'homme doit avant tout se consacrer au soin de son esprit et à l'exercice de la sagesse. [...]
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