Oscar Wilde (1854-1900) fut un « homme de lettres », un dandy, un homme adhérent aux principes du socialisme. Il mourra brisé par l'austère justice anglaise à cause de ses inclinations sexuelles. Ce fils « scandaleux » de l'austère bourgeoisie anglaise de l'époque est un littérateur, et un dramaturge reconnu de son temps, dont l'œuvre phare et la plus durable reste le roman « Le portrait de Dorian Gray », avec la pièce « L'importance d'être constant ». Son vif intérêt essayiste pour les questions esthétiques le rapproche des débats philosophiques sur l'art. C'est dans ce domaine qu'il s'engage à travers ce dialogue fictif entre Vivian (qui représente son point de vue) et Cyril (le nom d'un de ses fils), extrait des « intentions ». L'échange imaginé est passionnant car il date d'une époque charnière dans l'Histoire de l'art, et semble à la fois comme le récepteur et le théoricien de la révolution de l'art moderne en gestation. Le dialogue apparaît d'abord comme une satire à l'humour anglais du dialogue platonicien, forme utilisée pour contester radicalement la conception classique de l'art, inspirée d'Aristote (1) ; celle de l'art comme imitation de la nature, « mimesis ». Mais Wilde va encore plus loin, prétend que la Nature même imite l'art. En effet il n'y a de Nature que regardée et ce regard humain est toujours médiatisé par la mémoire de l'art (2). Il balaie aussi de son ironie une philosophie concurrente, plus récente, qui est celle de Hegel, pour lequel l'art est le produit de l'Esprit du Temps (3). Wilde, ainsi, annonce l'autonomie voire l'indépendance de l'art, l'art pour l'art, et toute l'aventure « moderne », dont Baudelaire, inventeur du terme, comprend aussi l'avènement à la même époque. Mais par là il élargit la fonction de l'art, ou la grandit, car elle influe sur la manière dont l'humain approche la nature, donc sur la nature même.
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture