Quelle est la contradiction essentielle du désir amoureux? Deux demandes contradictoires : pourquoi sont-elles nécessaires? Pourquoi se contredisent-elles?
[...] Le propre du désir amoureux est précisément que l'objet désiré est un alter ego, une personne. C'est bien de là que provient la contradiction essentielle du désir amoureux : la définition du désir pose un objet du désir ; or, dans l'amour, l'objet est également sujet en tant qu'il est humain, et c'est pourquoi il faut explorer cela : quelle est la contradiction essentielle du désir amoureux en tant qu'il est désir d'un objet et désir d'un sujet ? Pourquoi les deux demandes contradictoires de l'amant sont-elles nécessaires ? Pourquoi se contredisent-elles ? [...]
[...] Il s'agit bien de l'inverse de la première demande, puisque Sartre définit l'homme comme liberté. L'aimé ne veut donc pas être aimé par un objet, mais pas non plus par un pur sujet. Cette liberté se manifeste, dans le désir amoureux, par « l'engagement libre et volontaire ». Mais cette liberté n'est plus amour à partir du moment où l'amour n'existerait que par « fidélité à la foi jurée ». Le serment d'aimer l'autre n'existe finalement que pour lui-même, car il ne persiste que parce qu'il existe déjà. [...]
[...] Le désir amoureux est un jeu de la liberté et du déterminisme entre les amants. L'amour est une double exigence nécessaire : l'objet du désir veut être aimé par un sujet, mais celui-ci ne peut pas être une pure liberté. Cette double exigence est donc contradictoire : des deux côtés, il y a le risque d'une dissolution à la fois du sujet et de son désir. L'amour réalisé du désir demeuré désir est une liberté qui arrive à se contraire sans se nier, d'un sujet libre qui joue avec les déterminations sans se fourvoyer. [...]
[...] Dans une deuxième partie, qui va de « Ainsi l'amant demande le serment [ . ] » à « [ . ] qui se prend à son jeu », Sartre confronte les deux demandes contradictoires du désir amoureux. Sartre pose en une phrase très claire (« Ainsi l'amant demande le serment et s'irrite du serment ») la première contradiction du désir amoureux. L'amour implique un serment mais un serment purement respecté comme serment est voué à dénaturer la notion même d'amour. [...]
[...] Dans une première partie, qui va de « Celui qui veut être aimé [ . ] » à « [ . ] je vous aime par fidélité à moi-même », Sartre explore les deux demandes contradictoires nécessaires au désir amoureux. Sartre prend le point de vue de l'objet du désir amoureux, « celui qui veut être aimé ». On est bien dans une relation amoureuse puisqu'il s'agit d'une relation entre cette personne et « l'être aimé ». Cet « objet » du désir redoute et refuse que celui dont il est l'objet du désir soit paradoxalement dépossédé, par son désir même, du statut de sujet. [...]
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