Les Stoïciens se sont essentiellement intéressés à la manière de bien conduire sa vie et de rester maître de soi, quelque soient les circonstances. C'est en abordant ce problème qu'Epictète soulève la question fondamentale de la liberté, intimement liée au bonheur et à la vertu. En effet, dans cet extrait du Manuel, l'auteur s'interroge : quelle distinction devons-nous établir pour être en mesure de gouverner notre vie et accéder au bonheur ?
Au début du texte, Epictète distingue deux ordres de réalité : les événements « qui ne dépendent pas de nous » et notre jugement « par nature libre ». De la sorte, nous avons un pouvoir absolu sur nos pensées et notre volonté ; savoir bien en user et limiter nos désirs permet de mettre fin à notre servitude, qui, elle, s'avère être le résultat de la confusion des deux ordres cités. Ce texte affirme ainsi une liberté intérieure – que nous nous chargerons d'expliquer –, liberté qui a le pouvoir de juger et se montre comme la condition sine qua non du bonheur.
[...] C'est ce sur quoi nous nous attarderons en dernière partie, de la même manière que cet extrait du Manuel d'Epictète. La dernière partie, la plus longue et la plus riche en enseignements, tire les conséquences des démonstrations précédentes. Le propos d'Epictète débute par souviens-toi donc que ; il s'agit donc d'un enseignement condensé qui relate les principales situations de la vie quotidienne et permet d'œuvrer en vue du Bien et du bonheur. L'auteur insiste sur la cause essentielle de nos tourments et de notre esclavage ; alors qu'il nous a invités à une dissociation en début de texte, Epictète analyse la situation de confusion entre les deux types de réalités évoquées : Si tu crois libre ces choses qui, de par leur nature, sont esclaves, et propres à toi celles qui sont étrangères Avoir tout ce que nous désirons et faire tout ce que nous voulons n'est pas en notre pouvoir. [...]
[...] Cette paix intérieure est la condition nécessaire de l'amitié, car la souffrance et l'ignorance sont à l'origine de la haine. Cette maîtrise de ma volonté, de mes pensées et de mes désirs est une règle de vie fondamentale : ne pas se laisser prendre par une représentation immédiate et passionnée est le remède, celui qui définit la maîtrise de soi. Pour terminer, Epictète précise à la fin du texte que d'ennemi, tu n'en auras point L'amitié avec les autres hommes est un bien idéal, une vertu qui résulte d'un choix de vie ; elle suppose que nous soyons bien avec nous-mêmes. [...]
[...] Epictète, Manuel, p traduction de M. Guyon, éd. Delagrave Les Stoïciens se sont essentiellement intéressés à la manière de bien conduire sa vie et de rester maître de soi, quelles que soient les circonstances. C'est en abordant ce problème qu'Epictète soulève la question fondamentale de la liberté, intimement liée au bonheur et à la vertu. En effet, dans cet extrait du Manuel, l'auteur s'interroge : quelle distinction devons-nous établir pour être en mesure de gouverner notre vie et accéder au bonheur ? [...]
[...] Toutes ces choses dépendent de nous dans le sens où elles relèvent de notre raison, de notre faculté de juger : elles correspondent donc à des actions. Epictète suggère que le pouvoir de l'individu qui cherche le bonheur réside dans le fait que son jugement provient de lui et lui seul, en un mot, tout ce qui est notre œuvre : cela souligne le caractère absolu de ce pouvoir. Quant aux choses qui nous échappent et s'avèrent hors de notre portée, elles sont désignées par le corps, les biens, la réputation, les dignités Le corps qui sous-entend la santé et la maladie, échappe à notre volonté et dépend de facteurs multiples que nous ne maîtrisons pas. [...]
[...] Ainsi, l'erreur se nourrit de cette confusion, celle de ne pas appréhender la réalité telle qu'elle est. Au contraire, nous déformons cette réalité, au point de devenir les victimes de notre propre ignorance. Néanmoins, pour atteindre la paix de l'âme, Epictète préconise un véritable travail sur nos représentations (comme l'incarne la reprise de si tu crois Il nous invite à faire la part des choses entre celles qui dépendent de nous tien cela seul qui est tien et celles qui n'en dépendent pas étranger ce qui en effet t'est étranger Dans ces phrases, il s'agit d'abord de montrer que c'est le sujet lui-même qui dispose d'une faculté de juger, et qu'il peut dispenser la confusion des deux domaines. [...]
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