Y a-t-il une valeur à être un imbécile heureux ? La réponse de John Stuart Mill est claire dans ce texte tiré de son ouvrage, l'Utilitarisme. L'utilitarisme est la doctrine philosophique dont Mill est l'un des plus grands représentants, avec Jeremy Bentham.
[...] A l'argument qui consisterait à dire que l'être inférieur heureux préfère, lui, sa propre situation à celle de l'être supérieur malheureux, il répond que l'être inférieur ne peut en réalité proférer cet argument car il n'a pas accès au point de vue de l'être supérieur. A l'inverse, dans la mesure où l'être supérieur est en réalité un être inférieur doté d'un surplus de qualités, il quant à lui, tout à fait accès au point de vue de l'être inférieur, par définition. Ainsi, Mill clôt son texte en donnant à son argumentation une apparence d'implacabilité en réfutant par avance les objections qu'on pourrait lui faire. [...]
[...] Mill expose en fait ici une certaine conception du bonheur. En effet, il est possible d'inférer à partir du texte que Mill considère qu'un homme par rapport à un animal, et un homme vertueux par rapport à un homme vil, ont des désirs propres qui les portent vers un bonheur plus authentique. A l'inverse, le plaisir animal ne porte que vers la satisfaction des besoins, tandis que l'imbécile est dans un rapport intermédiaire entre l'animalité du besoin et l'authenticité du bonheur véritable. [...]
[...] Il ne cherche qu'à éviter la douleur physique. L'homme « inférieur », « l'imbécile », serait, selon cette logique, également en moins d'instances porté à la souffrance et porté à un malheur moins fort qu'un homme plus sage. L'imbécile est ici vu comme celui qui a des préoccupations plus basses, entre l'animal et l'homme supérieur. A l'inverse, l'homme supérieur est bien plus prompt à la mélancolie romantique, voire au spleen baudelairien (même si c'est ici anachronique). Il y a dans la tradition romantique une certaine grandeur à la souffrance romantique, qui exprime la grandeur du moi, et c'est pour cela qu'un homme extraordinaire, même s'il souffre énormément, ne peut vouloir être un homme médiocre, même s'il souffrirait moins, précisément car sa souffrance est noble. [...]
[...] Dans une première partie, qui va de « Peu de créatures humaines [ . ] » à « [ . ] les désirs qui leur sont communs », Mill explique qu'un homme ne souhaite jamais être un animal ou un homme moins bien que lui-même. Il part de ce qu'il présente comme un constat empirique. C'est assez paradoxal, car ce qu'il décrit n'est pas observable et il n'est pas probable que Mill ait conduit une enquête de type sondage. Ce qu'il dit observer, c'est que les hommes, en général, préfèrent être des hommes moins heureux que des bêtes plus heureuses. [...]
[...] La réponse de John Stuart Mill est claire dans ce texte tiré de son ouvrage, l'Utilitarisme. L'utilitarisme est la doctrine philosophique dont Mill est l'un des plus grands représentants, avec Jeremy Bentham. Pour les utilitaristes, les décisions humaines sont le fruit d'un arbitrage entre les plaisirs et les peines qui résulteraient de la décision en question. La méthode utilitariste est appliquée dans le texte étudié, mais pas de manière standard. Plutôt que de simplement peser les plaisirs et les peines en les quantifiant, Mill s'intéresse ici à la valeur de certains types de plaisirs en tant que tels pour un individu, indépendamment de leur intensité. [...]
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