« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », écrit Paul Valéry en 1919 dans la Crise de l'esprit. Au sortir de la Première Guerre mondiale, il est apparu que les hommes pouvaient renoncer à ce qui fait d'eux des êtres civilisés pour retomber dans un monde primitif de violence et de pulsions animales.
[...] Tout ce qui relève de la culture, « dispositifs, institutions et commandements », doit la défendre contre l'individu. Il s'agit de défendre le groupe face à l'individu, la survie du collectif contre le bon-vouloir de chacun. « Dispositifs, institutions, commandements » sont des termes qui renvoient à la contrainte des humains par des entités. De telles entités et leur capacité à exercer un contrôle sur nos vies ont notamment été étudiées par Michel Foucault dans nombre de ses ouvrages. Ainsi, la culture est pleinement définie. [...]
[...] En introduisant sa théorie de l'Inconscient, Freud complexifie le propos en suggérant que l'individu insatisfait peut ne pas être conscient d'une telle insatisfaction puisqu'elle relève des pulsions, et peut donc voir son comportement vis-à-vis d'autrui changer et les relations humaines se dégrader sans même s'en rendre compte. En second lieu, les deux dimensions peuvent être dangereusement confondues. En effet, il est possible que les relations entre des individus soient régulées de telle sorte qu'un individu puisse être considéré comme un objet, c'est-à-dire réifié. C'est le cas dans le travail et dans le sexe. Des philosophes critiques du système culturel de régulation et de répartition qu'est le capitalisme insistent beaucoup sur ce point. [...]
[...] Marx, en particulier, appelle le fétichisme de la marchandise le fait que des relations entre des hommes soient perçues comme des relations entre des choses. Quand un travailleur n'est perçu que comme un facteur de production, alors les deux dimensions de la culture évoquées par Freud sont pleinement confondues. La troisième raison évoquée par Freud est en réalité une transition vers sa troisième partie. Le « mais aussi » implique une rupture dans le raisonnement, Freud passant ici à l'étape supérieure. [...]
[...] La culture englobe énormément de choses mais renvoie finalement à un unique processus. La culture est tout ce qui permet à l'espèce humaine de dominer la nature, ce qui lui permet de produire des biens pour assurer sa survie, ce qui lui permet de répartir les biens ainsi produits parmi les hommes, et ce qui permet de maintenir l'existence de ce processus. La culture, définie comme ce qui nous différencie des animaux, englobe ce qui permet de produire et répartir les biens, et de réguler les relations humaines. [...]
[...] La domination de la nature par la culture apparaît comme essentielle à la survie de l'homme dont la satisfaction de ses besoins élémentaires dépend. La culture est essentiellement productiviste, et implique un travail et une transformation de la nature. L'autre dimension de la culture est la régulation des relations entre les hommes. En particulier, la culture est ce qui détermine « la répartition des biens accessibles ». La culture englobe donc, en amont, ce qui permet la production des biens et, en aval, le système de répartition de ces biens. [...]
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