Dans cet extrait de Leçon sur l'esthétique, Hegel analyse les liens entre. Pour faire émerger les enjeux et la finalité de l'art, le philosophe part du paradoxe suivant : on reproche souvent à l'art de s'affranchir de la réalité en créant une illusion qui semble ne rien dire du réel. Pourtant, ce que nous appelons couramment « réalité » est en réalité notre perception particulière du réel, perception qui se fonde sur son apparence extérieure immédiate.
[...] Nous percevons « l'existence courante », l'art manifeste son essence Prenons l'exemple de Guernica : nous connaissons la guerre et nous savons en donner la définition, mais nous échouons à évoquer toute son horreur. Guernica échoue à présenter l'exactitude de la guerre (les dates, le nombre de morts, la réalité de l'horreur) mais ce n'est pas son objet : Guernica en tant qu'oeuvre d'art manifeste l'essence de la guerre, son Idée. Idem avec la littérature : la Comédie Humaine de Balzac est une illusion de société, mais elle manifeste à certains égards l'identité de cette société mieux que les éventuels récits historiques. [...]
[...] Dans ce contexte, l'art constitue un moyen de débarrasser les choses de leurs apparences immédiates pour interroger leur essence. Mais l'art permet précisément de percevoir au-delà des apparences la réalité, il est donc à ce titre tout le contraire d'une illusion Nous échouons à percevoir l'essence des choses car nous percevons tout à la fois : leur essence et ce qui ne l'est pas Parmi d'éventuels morceaux d'essence, nous recueillons aussi le « chaos des circonstances passagères » (Hegel, Esthétique, 1829) L'art isole l'essence en jouant des apparences « une réalité plus haute créée par l'esprit lui-même » (Hegel, Esthétique, 1829) : autrement dit, nous pouvons accéder à l'essence, mais nous avons paradoxalement besoin d'une médiation. [...]
[...] Dans cet extrait de Leçon sur l'esthétique, Hegel analyse les liens entre. Pour faire émerger les enjeux et la finalité de l'art, le philosophe part du paradoxe suivant : on reproche souvent à l'art de s'affranchir de la réalité en créant une illusion qui semble ne rien dire du réel. Pourtant, ce que nous appelons couramment « réalité » est en réalité notre perception particulière du réel, perception qui se fonde sur son apparence extérieure immédiate. Par conséquent, Hegel suggère que l'art exprime un au-delà de la réalité qui pourrait paradoxalement être plus proche de l'essence des choses, bien qu'il recourt pour cela à des formes qui peuvent être prises de prime abord pour des illusions. [...]
[...] Cette erreur nous fait opposer à l'art le concept de vérité Au sens strict, l'art ne représente rien qui existe (qu'il s'agisse de la peinture figurative médiévale, du cubisme ou même de la photographie, l'acte artistique est une recréation formulée à partir de ce que nous pensons être la vérité du monde). Notre erreur est de considérer le monde extérieur comme plus réel que l'art au motif qu'il le précède. Or le réel se situe par-delà les apparences, qui sont tout ce que nous pouvons en percevoir Notre mode de perception est le source de cette méprise Nous ne doutons pas de notre perception car nous ne pensons pas pouvoir nous tromper nous-mêmes. [...]
[...] Ce que nous appelons réalité est en fait la perception que nous avons du réel par la biais des apparences : une illusion, au même titre que ce que nous reprochons à l'art Un paradoxe : nous reprochons à l'art d'être un jeu d'apparence alors que notre mode de perception du réel se fonde précisément L'art serait trompeur car il traiterait des apparences « L'art comme produisant ses effets par l'apparence » (Hegel, Esthétique, 1829) : l'art joue sur la matière, les couleurs ou la perspective (et plus exactement l'illusion de perspective), ce qui conduit le sens commun à en conclure qu'il est une illusion. Nous ne pouvons pas nous affranchir des apparences Autrement dit, le mépris pour les apparences au motif qu'elles seraient trompeuses est un mépris sans objet car nous ne pouvons pas les contourner : « si l'apparence pouvait être regardée comme ce qui ne doit pas être » (Hegel, Esthétique, 1829). Le paraître est donc notre seul mode de relation immédiate au monde. [...]
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