Plume, oeuvre littéraire, Henri Michaux, imagination, poèmes
Henri Michaux explique son propre travail dans la postface de "La Nuit remue" en négatif de la poésie classique par ces mots : «Rien de l'imagination volontaire des professionnels. Ni thèmes, ni développements, ni construction, ni méthode. Au contraire, la seule imagination de l'impuissance à se conformer.».
Qu'est-ce que «l'imagination de l'impuissance à se conformer» ?
[...] Nietzsche a déconstruit la logique de Platon, Einstein celle de Newton, les surréaliste la logique elle-même. En la refusant, Henri Michaux atteins une nouvelle forme d'écriture plus proche du rythme de l'esprit. méthode» : il semble impossible de relever les procédés favoris de Michaux. Cette liberté lui permet d'exploiter ce qu'il veut. Des allitérations obsessionnelles de «Télégramme de Dakar» avec répétition «dadaïste» qui rappelle le «Hurle» de Tzara , à l'utilisation quasi exclusive de phrase non verbales de «Paix égale», où le seul verbe conjugué est ce «FERMEZ», hurlé à l'impératif. [...]
[...] En tant que poète, médium entre l'existence ineffable et l'homme conscient, Henri Michaux atteint des sommets. Seulement une idée, héritée encore une fois de penseurs grecs, transmise par l'image de nombreux poètes maudits, selon laquelle l'artiste et la folie sont indissociables, semble hanter Henri Michaux. Ce raccourci qui oublie que la folie est une différence, la différence crée une position hors de la société qui conduit, en reculant l'artiste, à lui donner le recul nécessaire pour voir cette société, et la comprendre, auto-alimente la croyance d'un artiste démiurge, et fait oublier que Maupassant écrivait entre deux séjours à l'asile, et non pendant, Nietzsche n'écrivait plus après avoir sombré dans la démence. [...]
[...] C'est donc, rappelons-le, une définition en négatif de ce qu'est la poésie de Michaux, par rapport aux autres. Il n'a ni le développement, ni la construction, ni le thème, ni la méthode des autres. Mais il en a quand même, inévitables, même si elles ne sont pas fixées ni définies explicitement. Il écrit contre l'écriture professionnelle, car c'est ainsi que doit être la poésie selon lui, en rupture : «Car la vraie Poésie se fait contre la Poésie, contre la Poésie de l'époque précédente» (dans l'avenir de la poésie). [...]
[...] Henri Michaux écrit donc au rythme de besoins» «dans un léger vacillement de vérité, jamais pour construire, simplement pour préserver.» Malgré une impression première de «manque de sérieux» face à l'écriture de Michaux, il apparait après étude, une intentionnalité forte, un travail qui pose des questions, dépassant le seul domaine de l'art. Le manque de sérieux affiché, comme une non-estime de son travail, face au travail théorique réalisé, par les questionnements, est antithétique. Ces paradoxes frappent d'autant plus qu'ils ont le même goût que la vie, instable. Ainsi Michaux se retrouve au plus près des fondements de la poésie : évoquer le monde, les mondes, par les mots. [...]
[...] développements» : Comme nous l'avons vu les poèmes de Lointain intérieur ne s'enchainent pas, et ceux de Plume ne suivent pas une logique spatiale ni temporelle acceptable. D'autant plus qu'à l'intérieur même des poèmes, même si une logique temporelle apparait comme dans portrait de où l'on suit sa vie. Il n'y a ni début ni de fin définis, de plus les idées s'enchaînent entre chaque paragraphe, sans se répondre les unes aux autres, suivant besoins» de l'auteur. construction» : restons à l'exemple précédant, portrait de La narration n'est pas construite d'éléments habituels : pas de description ni explication sur l'identité de A., pas de situation temporelle, ni spatiale. [...]
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