Quand on entame un régime ou une cure, c'est toujours ce qui fait plaisir dont on doit se priver. Mais le fait d'avoir réussi donne à son tour un plaisir incomparable. Cela confère des caractéristiques ambiguës au plaisir, à la fois néfaste et bienfaiteur. Quel jugement de valeur doit-on avoir à son égard? Quel rôle joue-t-il dans l'effort ou la motivation d'une action méritante? Est-il un bien inconditionnel, ou doit-on au contraire le condamner et le séparer de ce que l'on juge bien?
Aristote dans ce texte rompt la double association couramment faite entre plaisir et bien, et entre plaisir et désir. Ce n'est pas le plaisir qui sert de norme de réussite ou d'excellence morale à nos actes, et ce n'est donc pas toujours lui qui constitue l'objet ou la fin de nos désirs.
[...] Qu'ainsi le plaisir ne soit pas le bien, ni que tout plaisir soit désirable, c'est là une chose, semble- t-il, bien évidente. Aristote, Éthique à Nicomaque Quand on entame un régime ou une cure, c'est toujours ce qui fait plaisir dont on doit se priver. Mais le fait d'avoir réussi donne à son tour un plaisir incomparable. Cela confère des caractéristiques ambiguës au plaisir, à la fois néfaste et bienfaiteur. Quel jugement de valeur doit-on avoir à son égard? Quel rôle joue-t-il dans l'effort ou la motivation d'une action méritante? [...]
[...] Ici, on comprend qu'il y a une séparation entre les plaisirs relatifs à ce qui est digne de s'appeler« bien et les autres. Il y a des plaisirs de part et d'autre de cette limite. Ce n'est donc pas le plaisir à lui seul, en tant que plaisir, qui garantit que l'on a affaire à quelque chose qui sera qualifié, à juste titre, de bien. Ce n'en est ni le signe, ni la preuve. Quel sens donner alors à ce qui est bien dans ce cas? L'exemple de l'ami et du flatteur nous le révèle en partie. [...]
[...] Peut-on dissocier totalement le désir du plaisir? Aristote répond d'abord positivement, en énumérant des objets de désir, recherchés avec tout notre empressement c'est-à-dire d'une façon prioritaire, comme s'il s'agissait d'un bien souverain. Ce sont des éléments déjà abordés: les facultés humaines, plutôt intellectuelles comme la mémoire ou le savoir, les vertus morales, mais aussi la vision, faculté sensorielle. La disposition effective de ces facultés et les opérations qu'elles permettent nous donnent des avantages des pouvoirs que n'ont pas les autres créatures, ou qui chez l'enfant par exemple restent en puissance mais ne se réalisent pas en acte. [...]
[...] Mais nul homme selon l'auteur, ne voudrait voir son intelligence atrophiée, quitte à en obtenir plus de plaisir en retour, quitte à jouir encore pleinement de la possession de tous ses plaisirs. On parle parfois vulgairement des imbéciles heureux ; or, Aristote estime que finalement personne ne les envie. Cela veut donc dire que le plaisir est subordonné à des faits ou valeurs plus hauts, ici l'intelligence, c'est-à-dire le raisonnement et la vérité. On préfère le vrai qui dérange à l'illusion qui réconforte, sinon le choix eût été différent. On préfère également le développement normal de toutes nos facultés, même si des désagréments arrivent en retour. [...]
[...] Il s'agit de dissocier plaisir et bien. Or, cette dissociation semble aller à rebours de l'idée commune. Le fait que le plaisir est autre qu'un bien n'est pas évident, car ce qui nous fait plaisir est justement ce qui nous fait du bien, c'est-à-dire ce qui procure une sensation agréable ou ce qui apporte une satisfaction. Et comment dissocier la satisfaction, le contentement du bien recherché? Comment comprendre que ce n'est pas le plaisir qui constitue l'essence même du bien, justement parce que les deux désignent ce que l'on recherche par-dessus tout [2. [...]
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