Éthique à Nicomaque, eudémonisme antique, vie méditative, vie théorétique, bonheur, vertu, Aristote, eudaimonia, activité de l'intelligence, activité vertueuse, intelligence politique, intelligence exécutive, principe physique, domaine éthique, processus épagogique, activité théorétique, autosuffisance, divinisation
Dans notre extrait, Aristote va établir le fait que la vie la plus heureuse, à titre premier, se réalise dans la vie méditative (bios théorétikos). Pour commencer, nous verrons qu'Aristote soutient que le bonheur achevé est une activité traduisant la vertu ou excellence (arêtè) la plus haute. Ensuite, nous mettrons en exergue le fait qu'il pose que cette activité-ci est méditative – et nous nous pencherons sur les six arguments qu'il convoque pour appuyer cette thèse. Dans un dernier temps, nous soulignerons en quoi et sous quelle réserve, pour Aristote, cette vie méditative est plus qu'une vie humaine et, en même temps, la vie à proprement parler humaine.
[...] Vivre selon le noûs, c'est vivre pleinement sa vie d'humain en se divinisant. Et ceci, le stagirite le présente comme une nécessité : « il faut s'immortaliser et tout faire pour vivre de la vie supérieure que possède ce qu'il y a de plus élevé en nous ». Ce qui est mortel en l'humain, c'est la matière : la forme, à savoir l'âme, permet l'immortalisation (ce qui ne veut pas dire qu'elle est immortelle). L'humain d'une certaine façon s'immortalise, outrepasse sa condition d'être corruptible, dès lors que son intellect actualise des intelligibles, dès lors que l'humain s'adonnant totalement à la contemplation se réduit à ce qu'il y a de divin en lui, dès lors enfin qu'il passe activement son temps libre dans le voisinage de choses immortelles. [...]
[...] Ethique à Nicomaque, 1177a 11 - 1178a 8 - Aristote (1837) - La vie heureuse comme vie théorétique L'Éthique à Nicomaque est une fameuse synthèse de l'eudémonisme antique. L'eudaimonia, c'est le souverain bien, le bien suprême, le bien de tous les biens (celui vers lequel tous les autres biens sont orientés, en vue duquel tout acte est réalisé). Dans notre extrait, Aristote va établir le fait que la vie la plus heureuse, à titre premier, se réalise dans la vie méditative (bios théorétikos). [...]
[...] Aristote écrit encore qu'on « peut même penser que chaque homme s'identifie avec cette partie même, puisqu'elle est la partie fondamentale de son être, et la meilleure ». Cela fait écho à la métaphysique lambda, par exemple, où il déclare qu'il n'y a pas de différence entre ce qui est pensé et la pensée lorsque celle-ci pense des intelligibles en acte, et que la pensée dès lors sera identique à l'intelligible actualisé qu'elle pense (voir aussi De anima, 430a 2 et sqq : « [l'intelligence] est, elle aussi, intelligible, au même titre que [certains] intelligibles, car, dans le cas des choses immatérielles, il y a identité du sujet intelligent et de l'objet intelligé »). [...]
[...] Remarquons que la pensée est mise du côté de l'activité, comme l'agir : c'est que le penser une activité plus parfaite que l'agir praxique, car elle est plus continue, même si elle ne peut essentiellement pas être continue (voir EN, 1177a 4-5 : « tout ce qui est humain se trouve dans l'incapacité d'être continuellement en activité »). Peut-être que le critère de la continuité, appliqué pour tirer argument de la thèse selon laquelle l'activité méditative mène au bonheur achevé, est tiré des astres conçus comme parfaits, voire du dieu éthique (qui n'est pas le dieu physique conçu comme cause motrice, ni le dieu métaphysique conçu comme cause finale), lui aussi conçu comme exemple de perfection, qui est éternellement en acte, à l'état d'entéléchie seconde - la première activité consiste en un mouvement local circulaire, la seconde à penser sa pensée (ce dieu-là est noeseos noesis). [...]
[...] Dans Éthique à Nicomaque b et sqq, le Stagirite se demandait déjà si « le bien suprême », c'est-à-dire le bonheur, résidait dans « une possession ou un comportement, un état ou un acte », avant d'indiquer que « pour être heureux [il faut] nécessairement agir et agir avec succès ». Ainsi, l'eudaimonia est un état, mais un état qui suppose sans ambiguïté l'action réussie laquelle consiste certes en l'atteinte d'une fin (telos) par la réalisation de moyens, mais une fin qui doit encore être vertueuse. [...]
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