Pour Kant, tous les hommes possèdent en eux la raison, c'est-à-dire la faculté de juger par soi-même. Dans ce texte, il s'en sert telle une aide pour sortir les personnes de leur état de minorité et de les amener à la majorité qui leur fera accéder à une autonomie de jugement. Le Siècle des Lumières représente cette révélation et cette évolution du mode de pensée, qui part d'un état de minorité, c'est-à-dire de dépendance de jugement à une autre personne, pour arriver à un état de majorité où chacun a sa propre manière de penser.
L'auteur s'inscrit dans la continuité de Descartes qui pense que “le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. Mais ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, le principal est de l'appliquer bien. ” Il s'en distingue par sa conviction que le problème qui règne sur les esprits est le manque de “courage de se servir de son propre entendement”, à la différence de Descartes qui lui s'oriente sur l'absence de méthode.
En effet, Kant croit que les esprits sont pour la plupart mineurs, car ils ne veulent pas s'élever et préfèrent rester ancrés dans cet état de dépendance au jugement d'autrui. Descartes, lui, part du principe que ce n'est pas la volonté des personnes qui est à remettre en cause si elles sont mineures, mais que c'est la démarche pour apprendre à bien penser qui leur fait défaut.
[...] J'ai un livre qui a de l'esprit pour moi, un directeur qui a de la conscience pour moi, un médecin qui juge pour moi du régime qui me convient, etc. ; pourquoi me donnerais-je de la peine ? Je n'ai pas besoin de penser, pourvu que je puisse payer ; d'autres se chargeront pour moi de cette ennuyeuse occupation. Que la plus grande partie des hommes (et avec eux le beau sexe tout entier) tiennent pour difficile, même pour très-dangereux, le passage de la minorité à la majorité ; c'est à quoi visent avant tout ces tuteurs qui se sont chargés avec tant de bonté de la haute surveillance de leurs semblables. [...]
[...] Celle qui nous permet d'obtenir ce que l'on veut et de mettre pour cela tous les moyens en oeuvre, celle qui nous fait croire que si l'on veut aller sur la lune, on pourra y aller. Vouloir, c'est pouvoir. Kant revendique ce droit de penser par soi-même en préconisant la raison qui est en chacun de nous. Si nous désirons être libres, nous le pouvons. Les prétextes que l'on s'invente (règles de société, coutumes . ) sont à prendre comme des obstacles à surmonter sur notre chemin de quête et si l'on se désiste, si l'on ne résiste pas à ces barrages encombrants, c'est que notre volonté de liberté n'est pas si présente dans notre esprit. [...]
[...] Mais le chemin pour y accéder, étant trop incertain, les fait se complaire dans leur léthargie d'esprit. Parallèlement, le paragraphe deux (lignes 7 à 20) nous offre également les conséquences que cela engendre. En effet, certains Hommes ont compris tout cela et s'attribuent illégitimement le droit de diriger leurs semblables. Revenons-en à l'exemple des tyrans qui pensent à la place de leurs compatriotes et qui, de par ce fait, en profitent pour leur faire croire qu'ils agissent dans leur intérêt. [...]
[...] Pour lui, les individus ne pourront s'élever en esprit qu'une fois après avoir intégré comment il faut procéder pour réussir à l'appliquer. Peu de personnes osent pratiquer librement leur pensée. Selon Kant, l'anomalie ne se situe pas dans la raison elle-même ni même dans sa pratique, mais dans la peur de l'utiliser, ce qui place les individus dans une dépendance accrue à autrui (qui représente les tuteurs dont ils ont besoin pour mener à bien leur vie). Les mentalités sont donc facilement manipulables. [...]
[...] Est-ce que l'être humain ne se sent pas plus à l'abri quand il n'est pas libre de faire ce qu'il veut ? Nombre d'individus ont peur de ce qui n'est pas et, de ce fait, se retrouvent engoncés dans cette situation de dépendance aux autres. Comme ils n'ont pas d'efforts à fournir et qu'ils ne sont pas sous l'obligation d'abandonner cette facilité de non-raisonnement, ils n'éprouvent pas l'envie de dépasser cette inquiétude opposée à leur mode de fonctionnement. Sapere aude ! [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture