Pourquoi apprécie-t-on la compagnie des gens de goût ? A du goût celui qui, avec un jugement sûr, reconnaît et apprécie les belles choses ; mais pourquoi valorise-t-on cette faculté ? Qu'a-t-elle de si précieux ?
David Hume, dans ce texte extrait du célèbre essai sur "La norme du goût", propose une réponse originale à cette question. L'auteur en effet exploite la métaphore du goût (au sens propre, c'est-à-dire gustatif, du terme) pour faire apparaître les raisons pour lesquelles nous recherchons la compagnie des gens de goût. Mais, et c'est là un intérêt majeur du texte, Hume fait un usage complexe, inattendu et partant, original de la métaphore.
[...] Il entend montrer en effet que, dans les deux cas, le goût est susceptible de perfection c'est-à-dire qu'on peut distinguer des différences de degré entre les goûts. Or, il ne peut y avoir de différence de degré (plutôt que de nature) qu'entre des facultés qui visent la même fin, mais qui sont inégalement dotées pour l'atteindre. La thèse de Hume en effet est que les différences de goût, qu'on observe si fréquemment entre les individus, se ramènent en fait à des différences de degré (ou de perfection) entre les différents jugements esthétiques : normalement, nous devrions porter des jugements analogues sur un met, sur un paysage ou sur un tableau, parce que nous sommes dotés d'une nature commune et, dans une moindre mesure toutefois, d'une culture commune. [...]
[...] Dans ce jugement s'accordent les sentiments de toute l'humanité affirme Hume (avant-dernière phrase) : le beau rassemble les hommes, beaucoup plus que les représentations souvent relatives et labiles du bien ou du bon ; en droit, l'homme de goût reçoit l'approbation de toute l'humanité. Cela signifie aussi, par voie de réciprocité, que la formation du goût est nécessaire à notre humanisation : tant que notre goût reste éloigné de celui des gens de goût, cela veut dire que nous manquons de la délicatesse requise pour vivre humainement. Mais, le goût étant un talent (acquis), et non pas un don (inné), tous peuvent cultiver leur goût et leur humanité. Ce qu'il y a de vertueux dans le goût justifie qu'on cultive ce talent. [...]
[...] Comme il faut de l'attention (première phrase) et de l'expérience pour être en mesure de discerner correctement le beau du laid, le goût peut être envisagé comme un talent, lequel mérite notre admiration. Mais Hume va plus loin, comme le montre la phrase qui fait l'articulation entre les deux parties du texte : Dans ce cas (c'est-à-dire dans le cas du jugement esthétique), la perfection de l'homme et la perfection du sens ou du sentiment sont inséparablement unies La métaphore du goût sert désormais à faire apparaître une discordance entre le goût au sens propre et le goût au sens figuré. [...]
[...] Dans la première phrase en effet, Hume associe la perfection à l'exactitude à la précision et à l'exhaustivité de l'observation ne rien laisser échapper C'est par rapport à ces critères qu'on doit donc hiérarchiser les jugements de goût qui s'expriment, dans le domaine gastronomique (troisième phrase) aussi bien que dans le domaine esthétique (quatrième phrase). Plus la perception est précise et détaillée, meilleur est le jugement. On peut s'étonner du choix que fait Hume d'un tel principe de hiérarchisation, car on pense aussitôt aux complications qu'entraîne la subjectivation du jugement de goût : celui qui perçoit plus de saveurs que moi dans un vin, ou plus de beauté que moi dans un tableau, a-t-il forcément plus de goût que moi ? [...]
[...] Qu'est ce que le goût ? D'après l'étude d'un extrait de "La Norme du goût" de Hume On reconnaît que la perfection de tout sens, ou de toute faculté consiste à percevoir avec exactitude ses objets les plus précis, et à ne rien laisser échapper à son attention et à son observation. Plus petits sont les objets qui deviennent sensibles à l'oeil, et plus fin est l'organe, plus élaborées sa constitution et sa composition. Ce ne sont pas de fortes saveurs qui font l'essai d'un bon palais, mais un mélange d'ingrédients en petites proportions, lorsque nous sommes encore sensibles à chaque partie, malgré sa petitesse et sa confusion avec l'ensemble. [...]
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