1982, Littérature, Proust, Espace Proustien, Temps retrouvé, George Poulet, temporalité, livre, écriture, critique, image, narration, mémoire, souvenir, collection, histoire, récit, roman, historiographie, chronologie floue, enquête
Point final d'une somme de sept tomes, le Temps retrouvé se termine par la promesse d'un livre à écrire. Le narrateur au fil de la Recherche du temps perdu a surmonté une série d'épreuves pour comprendre comment écrire et à partir de quoi il faudrait écrire. Toutefois, cette promesse du livre à écrire interroge. Rétrospectivement, qu'avons-nous lu ? C'est cette même question qui est le point de départ du raisonnement de George Poulet au sujet du Temps retrouvé, dans son livre L'Espace Proustien : « En un mot, au moment où il prend fin, et où, rétrospectivement, il se découvre dans son ensemble, le roman de Proust a cessé d'être temporel : exactement comme une histoire de France en images n'est plus une histoire, c'est une collection d'images qui, mises ensemble, meublent un lieu et forme un espace illustré ». Le critique avance l'idée que la composition du roman aboutit à une collection disparate d'images qui forme une histoire incomplète et discontinue. Cette disposition participe à extraire le roman du temps.
[...] Le temps retrouvé ne s'inscrit plus dans le temps, un temps que l'on définit comme une durée, une succession d'instants présents. Il appartiendrait alors à un espace hors du temps fait d'une succession, une « collection d'images » qui « forment un espace illustré ». Ce que semble ici décrire le critique, c'est la mémoire, une succession de souvenirs sans liens. Après la lecture, le roman s'extirpe du temps pour ne former qu'une collection de souvenirs qui « meublent » la mémoire. [...]
[...] L'Espace Proustien, Temps retrouvé - George Poulet (1982) - Comment ce roman invite-t-il le lecteur à déceler sa propre temporalité ? - Introduction et plan détaillé Introduction Point final d'une somme de sept tomes, le Temps retrouvé se termine par la promesse d'un livre à écrire. Le narrateur au fil de la Recherche du temps perdu a surmonté une série d'épreuves pour comprendre comment écrire et à partir de quoi il faudrait écrire. Toutefois, cette promesse du livre à écrire interroge. [...]
[...] C'est pourquoi nous postulons que le roman induit un protocole de lecture qui invite le lecteur à déceler sous la fausse insignifiance anecdotique du récit, sous la collection d'images, sa propre temporalité. Dans un premier temps nous montrerons que le roman expose une collection hétéroclite d'images sans liens, or dans un second temps nous montrerons que les liens ne sont pas assumés par une instance narrative, un historiographe, mais par la poétique du récit. Enfin dans un troisième temps nous montrerons que le roman propose une histoire au sens étymologique du terme, historia en grec signifiant enquête, le roman est une recherche des liens qui permettront au lecteur, au narrateur de recomposer un temps intérieur. [...]
[...] Si le regard rétrospectif sur le roman qu'avance George Poulet induit une première lecture dans le temps ce serait celui propre à la diégèse, c'est pour cela que même illustré, il y a une histoire. Seulement, elle se limite à la collection. S'il y a bien une collection d'images qui rétrospectivement a cessé d'être temporelle, l'écueil consiste à en faire la marque d'un échec ou même de considérer que le roman a eu des prétentions historiographiques qui auraient consisté à restituer la continuité linéaire du temps, grâce à un fil conducteur qui ferait le lien entre les images. [...]
[...] Le narrateur devient le héros révélé à lui-même, celui qui a perdu son temps et est sur le point de le retrouver. Une enquête pour retrouver le temps après l'avoir perdu. Le temps retrouvé et le temps perdu. Le temps perdu donc le temps des mondanités alors que le Temps retrouvé = la recherche du temps pur dans la Mémoire involontaire et pas dans une histoire raisonnée. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture