Épitre sur l'intellect, Abu Nasr Al-Fârâbî, intellect, intelligence, puissance, ousia hylémorphique, physique aristotélicienne, être hylémorphique, philosophie, statut ontologique, intelligible en acte, auto-intellection, entéléchie, intellect acquis, intellect agent, intelligence comprise, être catégorial, problème herméneutique, être intelligé, étant, Aristote, Platon, pensée, noétique, être humain, vie contemplative, entéléchie première, entéléchie seconde, héritage platonicien, abstraction noétique, intelligible en puissance, métaphysique, être intelligeant
Ainsi, on comprend bien que l'intellect en puissance soit en puissance pour Al-Fârâbî : c'est qu'il a la puissance d'être informé par « les formes des étants », et de devenir ainsi intellect en acte. L'étant, c'est ce qui est : c'est donc pour Al-Fârâbî, héritier de la physique aristotélicienne, un être hylémorphique, un composé (sunolon) substantiel de matière (hulè) et de forme (morphè). Dire que les formes des étants actualisent l'intellect en puissance, le font devenir intellect en acte, qu'est-ce à dire ?
[...] Telle est la signification de « intellect en acte ». Quand donc les intelligibles abstraits des matières lui deviennent présents, ces intelligibles deviennent des intelligibles en acte alors qu'auparavant, avant d'être abstraits des matières, ils étaient des intelligibles en puissance. Puis donc que c'est une fois abstraits qu'ils deviennent intelligibles en acte en devenant formes de cette instance, celle-ci devient intellect en acte précisément en vertu des choses qui sont en acte des intelligibles. Ainsi donc, qu'ils soient des intelligibles en acte et qu'elle soit intellect en acte, c'est une seule et même chose. [...]
[...] Dire que les formes des étants actualisent l'intellect en puissance, le font devenir intellect en acte, qu'est-ce à dire ? Al-Fârâbî nous éclaire de suite : les formes des étants en tant qu'elles sont inhérentes au composé hylémorphique sont intelligibles en puissance (c'est-à-dire qu'elles peuvent devenir intelligibles en acte), tandis que les formes des étants « abstraites » des matières, c'est-à-dire, en tant qu'il n'y a pas de matière pure non informée, les formes abstraites des individus sensibles particuliers, d'un ceci (tode elles, sont des intelligibles en acte. [...]
[...] En tout cas, pour Al-Fârâbî, les formes indivisées dans l'intellect agent du Créateur s'existencifient, s'objectivent et se divisent dans la matière. Néanmoins, un problème peut être soulevé : si le Créateur est une pensée qui se pense éternellement, et si dès lors qu'elle se pense elle existencifie les formes ici-bas, comment expliquer que Fârâbî ne croit pas à l'éternité du cosmos, comme il apparaît par exemple dans son Traité de l'harmonie entre les opinions des deux sages, le divin Platon et Aristote ? [...]
[...] Et les intelligibles, [ . ] avant de devenir des intelligibles en acte, ce sont des formes dans des matières celles-ci sont à l'extérieur de l'âme. Et quand ils deviennent des intelligibles en acte, leur mode d'être en tant qu'intelligibles en acte n'est pas leur mode d'être en tant qu'ils sont des formes dans des matières ; et leur mode d'être en soi n'est pas [le même, car il] est conséquent à tout le reste de ce à quoi ce mode d'être est lié, c'est-à-dire [les catégories]. [...]
[...] ] intelligent à leur tour », ce qui paraît spontanément assez mystérieux, obscur. Au fond, ce n'est rien d'autre que penser sa pensée (ce que nous avons introduit plus haut), penser les intelligibles en acte de notre intellect - il nous faut cependant préciser ce qui a déjà été dit, ce que nous pouvons faire en supposant que c'est à la différence entre l'entelecheia première et l'entelecheia seconde d'Aristote que pense notre auteur : par exemple, le savoir lire (entéléchie première) n'est pas le fait de lire actuellement, l'actualisation de ce savoir (entéléchie seconde), la possession de la science n'est pas l'activité scientifique. [...]
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