Epistémologie information et communication

Résumé du document

Le présent texte présente une approche de la communication qui s'intéresse à l'apport de l'approche des sciences de l'information…

Extraits

[...] Ainsi, pour Bourdieu : « Tout acte de parole et, plus généralement, toute action, est une conjoncture, une rencontre de séries causales indépendantes : d'un côté les dispositions, socialement façonnées, de l'habitus linguistique, qui impliquent une certaine propension à parler et à dire des choses déterminées (intérêt expressif) et une certaine capacité de parler définie inséparablement comme capacité linguistique d'engendrement infini de discours grammaticalement conformes et comme capacité sociale permettant d'utiliser adéquatement cette compétence dans une situation déterminée ; de l'autre, les structures du marché linguistique, qui s'imposent comme un système de sanctions et de censures spécifiques. » (P. Bourdieu, Ce que parler veut dire, Paris, Fayard p. 14) La culture, entendue au sens nietzschéen de « kultur », sert de référentiel dans le rapport d'un individu à l'autre et de l'individu au monde. L'individu va donc être dans une relations impressive à l'information reçue c'est-à-dire que l'émetteur impliquera consciemment ou pas le récepteur. [...]

[...] En conclusion, il semble également nécessaire de noter que l'approche d'Eric Daheux souligne la dimension idéologique forte que suppose la lecture de la communication come outil de structuration des sociétés. Ainsi, comme évoqué, « [la communication] est un acteur central dans la construction d'une société de la connaissance que les élites européennes cherchent à faire advenir ». L'épistémologie des SIC trouve ainsi ici une nouvelle justification dans la mesure où elle permet de vérifier les présupposés idéologiques qui poussent à assimiler de manière axiomatique l'avènement d'une société de la communication avec une société démocratique. [...]

[...] En effet, et c'est là le principal paradoxe de la relation d'enquête, le chercheur n'est pas à considérer comme un élément neutre. De par son travail de collecte, son ton, les tournures de ses questions, leur ordre, ce dernier imprime une tonalité aux données recueillies qui sont à même d'en modifier le sens pour les personnes interrogées et, à ce titre, exclut l'exercice d'un cartésianisme total à l'heure de la pratique de cette recherche empirique. Ainsi, Bourdieu décrit cette indissociation entre le chercheur et ses « prénotions », matérialisés en émotions, comme l'exercice d'une violence symbolique : « Sans doute l'interrogation scientifique exclut-elle par définition l'intention d'exercer une forme quelconque de violence symbolique ». [...]

[...] Il convient d'ailleurs de noter que la dimension communicationnelle de l'information comme violence symbolique peut également s'exercer de l'enquêté vers l'enquêteur. Cette analyse est ici intéressante dans la mesure où elle illustre avec une grande pertinence les vicissitudes propres à toute relation mais également la nécessaire obligation de continuer à réaliser cette distinction entre information et communication afin de conserver cette exigence au décentrement dans le cadre de l'étude scientifique, particulièrement pour les questions sociales et sociologiques. D'une relation verticale (communication), l'analyse et, ici, les outils d'action doivent permettre l'établissement d'une relation horizontale (transmission d'information) ou du moins perçue comme telle qui repose presque exclusivement sur la capacité de l'acteur fort de la relation à établir des référentiels communs facilitant l'expression la plus pure possible de la personne interrogée. [...]

[...] Ainsi, la fonction de communication comme discours doit être entendue notamment autour de la fonction expressive de ce dernier. Cette communication est ainsi intrinsèquement liée à l'émetteur du discours, sont un mode de transmission nécessairement biaisé et pouvant, de plus être parasité par un langage corporel inconscient mais bel et bien intégré par les deux parties de l'échange. Par ailleurs, la fonction phatique (entendue comme utilisation des impressions sensorielles du récepteur pour influencer son jugement) doit être comprise comme une fonction d'impact propre à la communication mais pouvant relever, pour certains aspects, d'une transmission inconsciente (phéromones notamment). [...]