Le lecteur philosophique construit le sens philosophique d'un texte à partir de questions philosophiques qu'il lui pose, tout en se posant à lui-même ces questions.
L'intérêt de la lecture philosophique est donc double: analyser comment un philosophe s'y prend pour penser, et penser par soi-même à partir de cette pensée (...)
[...] Epicure soutient que 1. la mort n'est rien 2. donc qu'elle n'est pas effrayante (deuxième thèse) Il en conclut - on mesure l'enjeu de la réponse - qu'il faut jouir de la vie (troisième thèse). N.B.: Il précisera plus loin, en jouir en distinguant raisonnablement les désirs. Contre quelle conception s'élève-t-il l'antithèse? Il combat l'idée antithétique à la précédente, qu'on doit avoir peur de la mort, et souffrir à son approche. Comment l'auteur justifie rationnellement sa thèse? Pour légitimer sa première thèse, il donne deux arguments: Au début, sous forme de syllogisme: tout bien et tout mal résident dans la sensation; or la mort éradique nos sensations; donc la mort n'est ni un bien ni un mal, c'est-à- dire rien. [...]
[...] Le matérialisme exclut toute TRANSCENDANCE extérieure, supérieure ou postérieure à la vie elle-même. Le bien et le mal résident dans la sensation: d'où une éthique SENSUALISTE, et non du devoir ou de la vertu, cohérente avec le matérialisme. Le réseau conceptuel oppose donc Vie - Sensation - Bien - Jouissance / Souffrance - Mort - Immortalité. C'est ce qui fonde l'opposition entre " o sophos le sage, fondant sa conduite, par une " prise de conscience radicale", sur un plaisir paisible, et le non-philosophe, " stupide " par son inconscience, et en proie aux passions la peur de la mort L'intérêt philosophique de ce texte est de fonder, à partir d'une attitude matérialiste devant la mort, qui délivre l'homme de l'angoisse, une éthique hédoniste de la vie. [...]
[...] En quoi est-ce un problème philosophique compte tenu de son enjeu ? Résultat : la lecture philosophique Ce texte aborde une notion philosophique, la mort, sous l'angle de l'effet qu'elle produit sur les hommes. Il soulève la question de la peur de la mort. Le problème est de savoir quelle attitude philosophique avoir face à la mort, réponse dont l'enjeu est fondamental par ses conséquences: le sens, notamment éthique, donné à sa vie. Quelle est la réponse de l'auteur à ce problème - sa thèse ? [...]
[...] Il s'ensuit qu'il n'y a rien d'effrayant dans le fait de vivre, pour qui est radicalement conscient qu'il n'existe rien d'effrayant non plus dans le fait de ne pas vivre. Stupide est donc celui qui dit avoir peur de la mort non parce qu'il souffrira en mourant, mais parce qu'il souffre à l'idée qu'elle approche. Ce dont l'existence ne gêne point, c'est vraiment pour rien qu'on souffre de l'attendre ! Le plus effrayant des maux, la mort, ne nous est rien, disais-je : quand nous sommes, la mort n'est pas là, et quand la mort est là, c'est nous qui ne sommes pas ! [...]
[...] La position et la résolution du problème se déploie à partir de la coupure radicale entre les notions de vie et de mort. La mort n'est pas une survie, elle est seulement mort; la vie ne se survit pas, elle s'arrête et se suffit à elle-même. D'où l'élimination des notions " immortalité et de durée infinie (thèse MATERIALISTE). S'il y a opposition entre bien et mal, ces valeurs sont uniquement du côté de la vie. Le mal, la souffrance n'étant pas liés à la mort, celle-ci n'est pas effrayante. [...]
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