Entretiens d'Epictète (1862), liberté totale, volonté humaine, passion, assentiment, développement, argumentation, philosophie antique, expression de la liberté, déterminisme, nature humaine, opinion publique, menace de la mort
S'interroger sur la liberté, c'est s'interroger sur une définition qui prendrait en compte plusieurs critères pour mesurer un concept abstrait et dont la perception varie au cours du temps et selon les individus. Ici, nous considérons ce qui est souvent admis comme l'expression de la liberté, à savoir la volonté. Ce texte d'Epictète extrait de "Entretiens" nous pousse à réfléchir sur l'étendue et le rôle de la volonté dans la recherche d'une liberté totale. Il s'oppose à l'idée selon laquelle il existerait une forme de déterminisme, mais aussi selon laquelle les passions prédomineraient devant la raison - ne résultant d'aucun choix, elles seraient donc indépendantes de la volonté. L'auteur défend ici l'infinité de la volonté humaine, source de toute action, une volonté qui induit selon lui la liberté absolue de celui qui le veut.
L'argumentation du philosophe se déroule en quatre temps. Tout d'abord, dans la première phrase du texte, l'auteur énonce sa thèse en affirmant que la volonté est naturellement infinie chez l'Homme. Il prend, dans un second temps, les exemples de "l'assentiment" et des "passions" pour convaincre le lecteur que sa thèse est confirmée dans toutes les situations. Dans un troisième temps, il étrécit son argumentation autour du choix de la mort devant une menace qui pourrait être interprété comme un choix contraint. Il conclut ainsi son raisonnement inductif par "la volonté (…) oblige la volonté". Enfin, nous verrons qu'Epictète reformule sa thèse en l'affinant.
[...] Finalement, Epictète nie l'opinion publique avec son dernier exemple et montre que la volonté est encore, dans ce cas, absolument infinie. Si ses illustrations sont jusqu'alors convaincantes, il semble qu'il élargit trop vite ces évidences à un cas général puisque subsistent des interrogations. Cette argumentation a donc l'aspect d'un raisonnement inductif qui partirait d'un exemple (ici plusieurs) pour arriver à une conclusion générale. En dernier lieu, le philosophe résume l'extrait et reformule sa thèse. Tout d'abord, « si tu le veux, tu es libre » manifeste le fait que notre volonté soit l'origine de notre liberté. [...]
[...] En effet, si tout repose sur notre volonté, nous sommes responsables de l'évolution de l'humanité, du devenir de la Terre mais aussi de l'existence de chacun cette dernière déduction va à l'encontre de l'idée de liberté totale puisqu'alors notre existence résulterait de la volonté d'autrui. Mais comme précédemment dit, on ne connait pas la position de l'auteur sur les « situations ». Il n'en reste pas moins que, pour Epictète, la totalité de notre liberté est certaine. Néanmoins, l'exemple porté sur le thème de la mort peut nous amener à nous interroger une dernière fois. [...]
[...] On peut néanmoins critiquer ce choix de langage puisqu'il porte à confusion Le philosophe prend donc plusieurs exemples parlants pour illustrer sa thèse. L'assentiment et les passions semblent soutenir l'idée d'une volonté humaine infinie dès lors que l'auteur ne voit pas en une passion une contrainte mais bien un facteur dont nous avons pleine conscience dans un choix. En troisième lieu, Epictète part d'un préjugé selon lequel une « menace de mort » serait une contrainte. On doit ici se représenter une situation où l'on veut nous « forcer » à accomplir quelque chose. [...]
[...] Introduction I. La thèse d'Epictète : La volonté humaine infinie II. Développement a. L'assentiment b. L'indépendance de la volonté c. La passion comme résultant de la volonté III. Mort ou obéissance ? IV. La volonté contrainte seulement par son évolution V. Conclusion de l'auteur a. [...]
[...] Il s'agit bien ici de nier tout déterminisme pour l'auteur, ce qui est néanmoins paradoxal puisqu'il admet l'existence d'une nature humaine. Ensuite, nous pouvons nous pencher sur le développement de l'idée du philosophe avec l'exemple qu'il donne de l'assentiment comme expression d'une volonté infinie. En effet, Epictète utilise habilement l'outil argumentatif qu'est l'exemple comme arme de conviction puisqu'il nous permet de nous représenter plus concrètement l'application de sa logique en un cas précis. Le fait d'assentir, donner son avis ou agréer, est une bonne illustration de l'exercice de notre volonté. [...]
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