Une seule et même question est à l'origine de toute l'interrogation philosophique : qu'est-ce que l'homme ? Quelles sont les fins ultimes de l'usage de la raison ? Quelle est la destinée de l'homme ? Qu'est-ce qui en lui, fait sens ? La thèse soutenue par Kant dans cet extrait s'inscrit dans un débat qui anime toute l'histoire de la philosophie et pourrait s'énoncer ainsi : tout être raisonnable ne peut être estimé comme un moyen aux fins d'autrui, mais comme une fin en soi et doit être considéré comme un objet de respect.
Mais si le respect n'est dû qu'à un être doué de raison, quel rapport entretient l'homme avec un être qui en est dépourvu ?
[...] Emmanuel Kant, "Conjectures sur le commencement de l'histoire humaine" - l'homme n'est pas un animal comme les autres Extrait : Le dernier progrès que fit la raison, achevant d'élever l'homme tout à fait au-dessus de la société animale, ce fut qu'il comprit (obscurément encore) qu'il était proprement la fin de la nature 1 et que rien de ce qui vit sur terre ne pouvait lui disputer ce droit. La première fois qu'il dit au mouton : la peau que tu portes, ce n'est pas pour toi, mais pour moi que la nature te l'a donnée qu'il lui retira et s'en revêtit, il découvrit un privilège, qu'il avait, en raison de sa nature, sur tous les animaux. [...]
[...] Il amorce alors un immense renversement de la perspective traditionnelle des Anciens comme Kant pour laquelle la Nature a créé les animaux pour que les humains s'en servent comme bon leur semble. Singer s'inspire de la théorie utilitariste de Jeremy Bentham qui a été fondée au XVIIIe siècle. Bentham parle de tyrannie pour qualifier l'emprise de l'être humain sur le règne animal Contrairement à Kant, il ne trouve aucune légitimité au fait que ce soit la raison qui trace la ligne de démarcation entre l'homme et l'animal. [...]
[...] D'un point de vue philosophique et scientifique, l'homme est originellement inférieur du fait de son absence d'instinct, mais capable de se montrer mentalement supérieur grâce au développement de ses potentialités. Sa faiblesse de nature est sa force car il a dû chercher un moyen de se conserver. Il va alors pallier ce défaut naturel par l'artifice et se rendra comme maître et possesseur de la nature (Descartes, XVIIs). Ces deux perceptions de l'humanité impliquent un ordre de priorité chez l'homme allant de sa simple survie dans la société primitive ou «société animale au bien-être de son espèce. [...]
[...] Sans doute pas, néanmoins, nous pourrions reconsidérer l'utilisation qui est faite des animaux dans la recherche scientifique et l'alimentation. La compassion que l'homme peut éprouver pour l'animal résulte d'un processus d'identification. Il n'appartient alors qu'à l'homme de faire bon usage de sa volonté et de se rendre digne de la maxime spinoziste : Aime ton prochain comme toi-même Kant nous rappelle, à travers ce texte, que le concept d'humanité ne nous est pas donné à la naissance mais qu'il s'institue par l'éducation et par la législation. [...]
[...] Kant part du principe que la raison est universelle et que l'homme a tout ce qu'il faut pour découvrir qu'il est un être supérieur, mais que cela s'est fait progressivement. L'évolution constante de sa raison finit par l'élever largement au-dessus de l'animal. Ainsi, la raison, en devenant le principe même de ses actions, affirme son autonomie et lui sert à exprimer ses besoins. Mais n'est-elle pas une fausse légitimité qui autorise l'homme à se servir de l'animal ? Qu'est-ce qui fait que l'homme ne peut considérer l'animal comme un égal ? [...]
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