Poulain de la Barre est convaincu que l'inégalité de la condition féminine est une injustice. En publiant son traité, dont le titre De l'égalité des deux sexes, discours physique et moral où l'on voit l'importance de se défaire des préjugés est en soi tout un programme, il souhaite démontrer et expliquer, par le biais du cartésianisme, que la différence entre les hommes et les femmes est culturelle et non pas naturelle.
L'Ancien Régime, et ici plus particulièrement le XVIIe siècle, professe l'inégalité comme principe constitutif de l'Univers. Dans les trois derniers siècles de la monarchie, il y a une forte misogynie. Elle peut s'expliquer entre autres par les problèmes de régence et les problèmes de succession sous Henri III. Les discours sur la femme, qu'ils soient médicaux, juridiques ou cléricaux, présentent la femme comme inférieure, potentiellement mauvaise et dangereuse.
Cette vieille tradition de dépréciation de la femme se voit opposer de nouvelles méthodes de pensée et de nombreuses découvertes scientifiques. Plusieurs auteurs comme le philosophe Ceriziers, Marie de Gourney avec son traité sur L'égalité des hommes et des femmes en 1622, manifestent leur résistance face à cette infériorisation de la femme. Les découvertes de De Graaf sur les follicules ovariens symbolisent la vitalité des recherches médicales sur les femmes.
L'homme qui influence le plus Poulain de la Barre est incontestablement René Descartes. Ce philosophe met en avant la pratique du doute, valorise la raison et la recherche scientifique. Poulain de la Barre est tellement influencé par la méthode cartésienne qu'il juge inutile de poursuivre son enseignement théologique à la Sorbonne. Ainsi, il se pose véritablement comme un penseur moderne au sens propre du terme.
Comment cet auteur cartésien, en passant d'une conception naturelle de la femme à une conception culturelle, redéfinit-il la question des relations entre homme et femme ? Dans quelle mesure, son infirmation du lien logique établie dans le discours des hommes, entre la différence et l'infériorité féminine par rapport aux hommes, est-elle une critique sociale ?
[...] Ligne 73 si l'on exerçait également les deux sexes Il ne faut pas instruire la femme. Tout d'abord parce qu'elle n'en a pas les capacités intellectuelles, et puis car son rôle ne nécessite pas cette instruction. Sa vie se fait dans la sphère privée et non publique. Après avoir démontré l'égalité biologique des hommes et des femmes, P. de la Barre peut avancer l'idée d'une possibilité d'éduquer pareillement filles et garçons. Ainsi il y aura égalité puisque s'il venait à y avoir des différences elles seraient la cause des spécificités individuelles et non plus des différences de traitement. [...]
[...] Ce dernier, et c'est une nouveauté, veut montrer que la réflexion de Poulain de la Barre sur la notion même d'égalité engage une remise en cause globale des rapports de pouvoir dans les sociétés. Ce qui est novateur chez P. de la Barre c'est qu'il ne se contente pas d'affirmer que les hommes et les femmes doivent être égaux. Il inculpe l'inégalité des deux sexes à la société par le biais de l'éducation. Pour l'auteur les hommes ne discernent pas assez exactement ce qui vient de la coûtume et de l'éducation d'avec ce que donne la nature ligne 21. [...]
[...] Selon Descartes, l'autorité des savants anciens ne suffit pas à garantir la vérité des opinions qu'ils ont formulées. Seules doivent être tenues pour valables en matière de science les propositions dont notre raison a pu discerner l'évidence. Importance de la raison dans la recherche scientifique. C'est la raison qui éclaire la volonté. Pour Descartes les connaissances sont suspectes : le raisonnement mathématique est le seul propre à faire apparaître la vérité avec un caractère d'évidence. Aux environs de 1670, Descartes est le théoricien de l'ordre et le législateur de la pensée. [...]
[...] Il est sans doute le premier à avoir consacré un discours méthodique et analytique à cette question, abordant tous les domaines de la connaissance. Bernard Magné indique dans son ouvrage Le féminisme de Poulain de la Barre, origine et signification, qu'« avant P. de la Barre le féminisme ne repose sur aucune base sérieuse Mais il précise aussi que les œuvres de P. de la Barre marquent une rupture en ce domaine parce qu'elles s'appuient sur un système philosophique cohérent dont le féminisme n'est qu'une conséquence Conclusion P. [...]
[...] Dans ce but les textes médicaux sont là pour montrer que leur [aux femmes] Sexe doit avoir un tempérament tout à fait différent du nôtre [aux hommes] et qui le rend inférieur en tout La théorie des tempéraments est un héritage des textes antiques : on fait bien sûr référence à la théorie des humeurs. L'homme est chaud, sec et actif, alors que la femme est froide, humide et passive. La psychologie de la femme varie selon les humeurs, beaucoup plus que l'homme. On prend pour référence l'homme et on lui compare la femme. Les règles menstruelles sont le symbole de l'infériorité féminine par rapport aux hommes. Même ceux qui désirent défendre les femmes le font en s'appuyant sur ces différences et en les légitimant. [...]
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