La dualité du corps et de l'esprit - "L'âme et le corps" de Bergson.
[...] Il existe donc une dualité entre le moi conscient, ou l'esprit, et le corps. Quelle est donc la nature du lien entre le corps et la conscience ? Pour la comprendre, Bergson part de l'expérience commune du corps. Mais ce corps connaît des limites, à la différence de la conscience de l'homme. Cette conscience est la possibilité même d'une action sur le monde et sur soi. La première approche du corps est donnée par le sens commun, qui peut se définir comme l'ensemble des opinions et des croyances communément admises et supposées convenir à tout esprit raisonnable. [...]
[...] La conscience agit sur l'homme, qui réunit en lui le corps et l'esprit. Les deux sont distincts, et pourtant indissociables. L'action volontaire est voulue, commandée par une conscience. Autant qu'elle entraîne l'action, la conscience est configurée par les actions qu'elle a posées et qu'elle pose. Une action, bonne ou mauvaise, modifie, c'est-à-dire construit le caractère de la personne qui l'effectue, et l'incline à agir vers le bien ou le mal. De cette manière, il y a une création continue du moi par le moi. [...]
[...] Certes le corps est matière. Mais la matière n'est que dans le présent, elle ne sépare pas le passé et l'avenir. Elle se contente de porter les traces du passé, mais n'a pas la capacité de se transporter dans le futur. La matière est le présent lui-même, elle n'est pas l'écoulement du temps. Le temps ne s'écoule pas sans la présence d'une conscience. Cette conscience ne découle pas de la nécessité de mesurer l'écoulement du temps. Sans elle, il ne peut y avoir d'écoulement de temps. [...]
[...] Le moi conscient du passé rend possible l'acte volontaire. En fait, le moi va se comprendre, comme le texte de Bergson va le montrer, comme la conscience de la permanence et de l'unité des divers états affectifs et intellectuels, successifs et simultanés qui définit le sujet, et donc le moi. L'acte de la volonté est rendu possible par la mémoire d'un état passé. La conscience permet l'infléchissement de la mémoire en vue de l'action. L'acte volontaire se nourrit du passé et de la conscience de ce passé pour produire du nouveau. [...]
[...] Le corps est agi, il est passif. Pourtant, chacun d'entre nous fait également l'expérience de mouvements qui viennent pour ainsi dire de l'intérieur du corps. Certains mouvements du corps ont un caractère imprévu, qui n'est pas réductible à un ensemble de forces mesurables et calculables. Celui-ci ne se contente pas de réagir à une impulsion extérieure, mais il agit par lui même. Tous les mouvements du corps ne sont par conséquent pas comparables, et, si certains ont pour cause une force extérieure et commune, d'autres sont intrinsèques au corps. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture