Doctrine de la vertu, Emmanuel Kant, rapports à l'animalité, fonctionnalité, moralité, devoir, souffrances animales, empathie, spécisme, disposition naturelle, mythe de la création, domination humaine, volonté, état de nature, surconsommation, commentaire de texte
Kant, dans cet extrait de sa Doctrine de la vertu (1797), expose la fonctionnalité comme complémentaire à la morale. Par la morale, l'Homme prend son droit sur la nature. La morale humaine serait apposée à l'état de nature, et à l'image de cette morale, la fonction, devoir par l'intermédiaire des animaux pour les hommes : les animaux sont asservis par la morale humaine. Ce qui fait la moralité de l'Homme, c'est sa capacité à considérer les souffrances animales (en ce que cela pourrait s'opposer à son devoir en les infligeant cruellement), refusant pourtant de les considérer comme des êtres doués de raison. Le rapport de l'Homme à l'animal implique en réalité son rapport à lui-même, à son humanité, et son devoir envers les autres Hommes. Le sentiment moral résulterait donc dans le poids de notre action sur les lois du devoir.
[...] ] », il semblerait que la domination infligée au vivant par l'Homme se retourne contre lui. Peut-être que nous pourrions plutôt orienter le devoir humain vers la nécessité de conservation de son environnement, de préservation des espèces qui l'entourent. L'intérêt de l'Homme ne réside pas dans l'exploitation des ressources dont il prend possession, mais d'un point de vue plus primitif, dans la survie. Et s'il veut survivre, il doit cohabiter sans piétiner. La prétention morale qui fonde la conception d'une hiérarchie des dominés n'est pas éternelle. [...]
[...] Il est donc question de responsabilité humaine. Considérer qu'il est en notre pouvoir d'astreindre les animaux à un travail que l'on dirigerait à notre profit, revient à les considérer comme des ressources. Cette responsabilité envers les animaux ne semble donc pas avoir pour but de les protéger, de les préserver, mais plutôt de les conserver pour pouvoir continuer de les utiliser, et de ne pas dépasser nos limites morales, celles du « bon ». La pensée kantienne établit une certaine dualité du sujet humain : sujet moral de nature animale ; l'animal lui est une « créature vivante ». [...]
[...] S'il s'agit de déterminer des critères pour régir nos relations au vivant, nous devrions penser, en premier lieu, à l'impact humain sur celui-ci. Comment fonder ces critères ? Doivent-ils être moraux, instinctifs ? S'agirait-il d'établir une morale pour se détacher alors de nos instincts afin de faire preuve de hiérarchie, ou adapter notre morale à l'instinct ? Est-il question de penser des relations en s'attachant au respect, ou dans un intérêt pur de cohabitation ou d'utilisation ? Si on considère l'instant comme un « état de nature », c'est bien ce qui pourrait faire de l'Homme un animal comme les autres. [...]
[...] L'idéologie de l'humain dominant le reste du vivant l'a empêché de se détacher du prisme des différences qui nous séparent des animaux, des plantes, de toute forme de vie terrestre et a entamé une destruction silencieuse par ce prédateur redoutable qu'est l'Homme – au même titre qu'il a torturé ceux qu'il a jugé trop différents de lui. Pourtant, nous avons des liens de parenté avec l'ensemble du vivant : animaux, bactéries, plantes . Cette distinction que nous avons établie est-elle une différence de degré ou de nature ? Qu'est- ce qui sépare l'animalité de l'humanité ? L'humain est équivoque, ambivalent, créateur d'outils – outils d'après la nature, mais surtout contre elle. Cette époque industrielle au système capitaliste a industrialisé ces relations, et c'est sans aucun doute l'impact le plus fatal de tous les temps sur l'écologie. [...]
[...] Les animaux ont comme nous la capacité de souffrir, d'avoir du plaisir ; la recherche de la nourriture et l'inquiétude nous rassemblent : « il y a quelqu'un derrière la fourrure et les plumes » (Corinne Pelluchon). De l'éthique, à la politique, la question d'une cohabitation moins violente se pose. Nos relations au vivant ont dépassé depuis longtemps la nécessité, l'extermination des espèces ne se justifie pas par le besoin de nourriture. Nous, vivants, créons des dommages à d'autres vivants par une surconsommation. [...]
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