« Le plus grand malheur des hommes, c'est d'avoir des lois et un gouvernement. Tout gouvernement est un mal, tout gouvernement est un joug. », nous écrit Chateaubriand dans son Essai sur les révolutions, relançant ainsi la question intemporelle du bien fondé des gouvernements et de leur législation. Une loi est, par définition, une règle qui est imposée à l'homme ; de fait, elle est donc subie par ce dernier, ce qui justifie l'emploi du terme « joug » par Chateaubriand dans cet extrait. Pourtant, les lois sont les décisions du gouvernement, or celui-ci est censé représenter le peuple dans sa totalité, et donc les hommes eux-mêmes. Comment alors peut-on dire que l'homme est assujetti par les lois quand c'est lui-même qui les a décidées ?
[...] Pendant longtemps, l'instauration d'un gouvernement et de lois était perçue par l'homme comme un moyen nécessaire pour passer d'une vie archaïque à une société civilisé, du peuple vivant dans un état de nature aux hommes vivant dans un état civil ; ainsi les civilisations sans état et sans politique étaient souvent considérées comme inférieures par ceux qui se définissaient comme des « animaux politiques ». Mais aujourd'hui, la pensée inverse est née, et nombreux sont les penseurs à critiquer ce symbole du monde moderne. Il convient dès lors de s'interroger sur les raisons de cette condamnation : le gouvernement représente-t-il toujours les hommes et leurs intérêts ? Les lois ne sont-elles pas parfois abusives ? La politique sert-elle encore le bien commun, ou au contraire n'est-elle devenue qu'un instrument du pouvoir ?
[...] Cependant il faut tout de même garder à l'esprit que le pouvoir politique peut devenir très vite un moyen d'oppression. En effet, même Platon avec sa thèse du philosophe-roi, selon laquelle le pouvoir devrait être remis aux mains des philosophes car ils sont les plus aptes à gouverner et qu'en plus ils ne veulent pas le faire, prend le risque que le philosophe-roi, une fois au pouvoir, se laisse tenter par le despotisme ou la tyrannie. Pour les gouvernants, la tentation est forte de profiter de ces pouvoirs pour prendre le contrôle d'un peuple. C'est le cas du Prince de Machiavel qui n'a plus que pour objectif de conserver le pouvoir, coûte que coûte, quitte à mentir, à manipuler, à faire de fausses promesses(...)
[...] L'homme ne peut plus vivre seul, il appartient nécessairement à un pays, un état, qu'il faut bien gérer, et c'est là que le gouvernement apparaît comme incontournable. Cependant il faut garder un juste équilibre entre anarchie, l'absence totale de loi et de gouvernement, et autoritarisme, l'omniprésence du gouvernement dans la sphère publique et privée : si la vie isolée n'est plus envisageable, la vie soumis à trop de règles mène à la révolte, et l'homme finit par oublier pourquoi il a besoin d'un gouvernement et ce que son existence lui apporte. [...]
[...] Il montre en effet que les bourgeois se servent de leur situation de gouvernants pour abuser le prolétariat et renforcer leur domination sur lui. Bien d'autres types de dérives peuvent être cités comme celles des régimes totalitaires, dictatoriaux, où finalement le peuple n'a plus de droit mais uniquement des devoirs, qui deviennent des obligations imposées et indiscutables. Il est certain que la remise de pouvoirs à un nombre d'individus limité contient toujours une part de risques, mais cette solution constitue encore la meilleure pour permettre à l'homme de vivre en paix. [...]
[...] Cette notion de protection est primordiale car l'individu qui se sait en sécurité peut s'adonner à d'autres activités, notamment intellectuelles, car il n'a plus à se soucier du reste. C'est pourquoi l'état civil fait passer l'homme de statut d'animal à celui d'être intelligent et raisonnable. Pour permettre ce changement d'état, Rousseau propose la signature d'un contrat appelé le contrat social par tous les hommes. Ainsi, les gouvernants et les gouvernés sont les mêmes personnes, ce qui garantie une recherche de l'intérêt commun. Dans cette optique, le gouvernement et ses lois sont une forme de libération dans la mesure où ils permettent à l'homme de devenir raisonnable. [...]
[...] Aussi il vaut mieux écarter le régime de type monarchique si l'on recherche un gouvernement qui a pour but le bien commun. Un second type de régime sera l'aristocratie : l'idée de base est bonne car elle consiste à donner les pouvoirs à une minorité se constituant des meilleurs. C'est alors à eux que revient la tâche de gérer le peuple tout entier et de décider des lois. Seulement ce régime constitue aussi un risque : cette minorité risquerait de se retourner contre le peuple et d'exclure ceux qui ne font pas partie de leur élite Il faut donc trouver un régime qui permette à chacun de faire entendre sa voix : c'est ce que propose la démocratie. [...]
[...] Aussi l'on peut dire que le gouvernement reste l'unique garant de la liberté réelle. C'est par lui que l'homme s'arrache à l'état de nature pour accéder à la paix et à la sécurité. Les lois apparaissent comme un moyen de contrôler les hommes mais aussi de les protéger d'eux-mêmes : l'homme naturel n'a pas de morale comme nous l'avons vu et s'en prend donc à autrui, il est dangereux pour lui-même et pour les autres, et a besoin d'être encadré. [...]
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