Cet exercice est un commentaire d'un texte extrait des Idées concernant une psychologie descriptive et analytique, de W. Dilthey. Il interroge la spécificité des sciences humaines et sciences de l'esprit par rapport aux sciences naturelles. Quel est l'objet des sciences de l'esprit? Dans quelle mesure le mode de donation de l'objet permet-il d'autonomiser les sciences de l'esprit des sciences de la nature? Comment définir la psychologie?
[...] Par la différence de temps verbal entre « étudions », qui renvoie aux sciences de l'esprit et à leur développement présent, et « ont conduit », qui renvoie aux sciences de la nature et à leur évolution passée, Dilthey met en évidence le fait que les sciences de l'esprit sont un domaine de scientificité nouveau. Cela explique d'autant plus l'enjeu qu'il y pour ses défenseurs, à les instaurer comme sciences authentiques, dotées d'un objet et d'une méthode propres. En disant que les méthodes scientifiques « ont conduit à la connaissance de la nature », l'auteur semble suggérer que le progrès des sciences naturelles est abouti, ou, du moins, ralenti, et que la plupart des phénomènes physiques sont connus. [...]
[...] Distinguer les sciences de la nature des sciences de l'esprit a pour fonction de montrer que les secondes ne sont pas réductibles aux premières, et que leur scientificité peut reposer sur autre chose que la mise en œuvre des méthodes de la physique. L'argumentation de Dilthey repose sur une différenciation, voire une opposition, des deux types de sciences pour en faire deux domaines de scientificité également valables car non directement concurrents. Après avoir étudié le mode de donation spécifique des objets des sciences de la nature et des objets des sciences de l'esprit, Dilthey s'attarde sur l'idée de totalité ou d'ensemble cohérent dans les deux types de sciences, pour souligner leur signification respective. [...]
[...] Dilthey oppose ce qu'il appelle une psychologie explicative à une psychologie descriptive et analytique. C'est d'ailleurs sur la distinction entre les deux, puis sur l'inadéquation de la méthode de la psychologie explicative en ce qui concerne le domaine de l'esprit, que portent les chapitres 2 et 3 de l'essai. Alors que l'explication envisage les phénomènes sur le mode de l'extériorité, et donc le psychisme comme des processus physiologiques uniquement, la compréhension pose la possibilité et la nécessité d'un rapport interne du sujet à lui-même. [...]
[...] C'est par le biais d'un recentrement sur la psychologie, comme le montre le titre, que Dilthey fonde et assure les sciences de l'esprit. Cependant, la psychologie se trouve ici requalifiée pour mieux correspondre aux exigences des objets du domaine de l'esprit, pour ne pas être simplement une 1 Dans la traduction de M. Rémy de 1947, l'expression « sciences morales » remplace « sciences de l'esprit » [Tapez ici] psychologie naturelle qui s'attache aux phénomènes psychiques en tant que phénomènes physiologiques. [...]
[...] S'il y a différence entre les deux, cela ne signifie pas pour autant que l'une des deux formes de science traite davantage de quelque chose de réel que l'autre. Le réalisme est ici posé comme condition de la scientificité et de la légitimité des sciences de la nature mais aussi et surtout des sciences de l'esprit. En ce qui concerne la provenance, les objets des sciences naturelles viennent « de l'extérieur », alors que ceux des sciences de l'esprit viennent « de l'intérieur ». Les objets qui sont saisis par la physique, la biologie, etc . [...]
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