Ce texte est extrait de l'oeuvre de Bergson, "Les deux sources de la morale et de la religion". Il est question du rapport entre le hasard et l'homme. Plus précisément de ce qu'il y a de hasard dans les accidents que peut connaître l'homme. Bergson se demande pourquoi il est question de hasard lorsqu'il y a un intérêt humain et pourquoi on parle de mécanisme, sans aucun hasard, dans ce qui ne concerne pas directement l'intérêt humain. Pour expliquer cette thèse, il emploie l'exemple d'une situation dans laquelle il y aurait une chute de tuile qui serait considérée comme accidentelle, hasardeuse, dans le cas où elle heurterait un homme et serait, à l'inverse, considérée comme purement mécanique si la chute n'impliquait qu'elle.
La question est de savoir si, même dans le cas où il y a un intérêt humain, il n'y a tout de même pas le même mécanisme que dans le cas où il n'y aurait personne. Mais alors, la présence de l'homme doit-elle être considérée dans le mécanisme ou y a-t-il vraiment une notion de hasard dans la mesure où la présence de l'homme coïncide parfaitement avec le déroulement du mécanisme « chute de tuile ».
[...] Donc, en retournant cet énoncé, on peut dire qu'elle aurait tout aussi bien pu tomber directement au sol sans rien heurter, ni personne, à part le sol. Il se pose donc la question suivante: définirions-nous cette situation (chute de tuile) comme hasardeuse si elle n'avait heurté aucun passant dans sa chute? C'est bien là le problème qu'il se pose. N'y a-t-il de hasard qu'en présence d'un intérêt humain ? C'est ce que l'on sous-entend lorsque l'on dit qu'il n'y a pas de hasard dans la simple chute d'une tuile sur le sol mais un mécanisme d'usage. [...]
[...] Nous disons bien que la tuile est tombée par hasard sur lui ou par hasard à côté de lui, certes. Mais qu'en est-il lorsqu'il n'y a aucun intérêt humain, ni pour ou contre lui ? Que faut-il donc considérer de cette chute de tuile si elle n'implique pas la présence d'un passant ? Dans ce cas, nous dirons que le hasard n'a rien à y faire, qu'il n'y a là que le déroulement d'un mécanisme logique: le vent fait pression sur la tuile, la tuile cède sous la pression du vent, la tuile tombe et heurte le sol suite à sa chute. [...]
[...] Et au terme de son développement, Bergson en vient à définir le hasard lui même comme un mécanisme doué d'une intention de nuire ou d'aller en faveur de l'individu. Mais sa théorie pose le même problème qu'il avait concernant la tuile. Il a prouvé que la tuile ne pouvait être à l'origine d'un événement prémédité puisqu'elle n'avait pas d'esprit ni de conscience. Faut-il dire qu'il en est de même avec le hasard à la différence près que ce dernier n'est pas physiquement cernable comme l'est la tuile? [...]
[...] "Les deux sources de la morale et de la religion", Bergson - le hasard et l'homme Ce texte est extrait de l'oeuvre de Bergson, Les deux sources de la Morale et de la Religion. Il est question du rapport entre le hasard et l'homme. Plus précisément de ce qu'il y a de hasard dans les accidents que peut connaître l'homme. Bergson se demande pourquoi il est question de hasard lorsqu'il y a un intérêt humain et pourquoi on parle de mécanisme, sans aucun hasard, dans ce qui ne concerne pas directement l'intérêt humain. [...]
[...] Peut-être faut-il se demander si ce n'est pas la tuile qui est capable de préméditation mais le hasard lui-même. Peut-être faut-il considérer que c'est le hasard qui régit cette coïncidence de temps de lieu entre la tuile et le passant. Ce serait donc le hasard qui déterminerait le déroulement de l'événement selon qu'il veuille nuire ou au contraire aller en faveur de l'homme concerné. Mais cela ne paraît-il pas tout autant absurde bien que ce soit une définition tout à fait intéressante du hasard dans sa relation avec l'homme ? [...]
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