Dans ce texte, Kojève se penche sur l'étendue réelle du Désir humain en prenant soin de le différencier du simple Désir animal. De ce fait, il met en évidence, dans ce passage, l'idée centrale de sa pensée au sujet du Désir : en quoi le Désir de l'Homme est-il humain ?
[...] L'auteur va plus loin encore en affirmant que le Désir humain est à l'initiative de la réalité de l'Homme car c'est en exerçant son Désir humain, que l'Homme forge l'action qui viendra s'ajouter à sa réalité et participer à sa construction : l'Homme désire ce qu'un autre désire et ce processus, intemporel et propre à l'Homme, précède et suit l'histoire de l'Homme. Cette histoire est donc celle des « Désirs désirés ». Ainsi, Kojève apporte sa propre vision sur la notion de Désir en distinguant le Désir de l'homme, qui ne peut être, par essence, qu'humain, de toute autre forme de désir et précisément de celui qu'éprouve l'animal. [...]
[...] Kojève s'éloigne ensuite du simple Désir humain portant sur un autre individu en abordant à partir de la fin de la ligne 12 le Désir humain portant sur un objet naturel. Ainsi, de la ligne 12 à la ligne 21, l'auteur démontre que peu importe l'objet initial du Désir, tout Désir humain débouche sur un Désir humain autre que le sien, présupposant l'existence de Désirs humains préexistants au sien, d'où l'affirmation ultime de Kojève : « l'histoire est humaine est l'histoire des Désirs désirés ». [...]
[...] En effet, ces différenciations sont prononcées de la part de Kojève tout au long des premières lignes du texte. De cette façon, l'auteur distingue cet « individu libre et historique conscient de son individualité » de cet « être naturel ». Dans son analyse, Kojève définit donc l'homme par sa liberté, ce qui peut se référer à sa liberté de choisir et sa liberté de penser par lui-même et donc de conduire sa propre réflexion, mais également par sa conscience, c'est-à-dire à la fois sa conscience spontanée et immédiate mais surtout sa conscience réfléchie : contrairement à l'animal, l'Homme est conscient d'être conscient et est en mesure d'en faire, s'il le souhaite, le thème d'une réflexion philosophique. [...]
[...] C'est donc par médiation humaine qu'il est permis à l'homme de porter son Désir sur cet objet. Kojève décrit ce phénomène par la « médiatisation » de l'objet par le « Désir d'un autre », ainsi si l'Homme désire un objet de « décoration » ou « le drapeau de l'ennemi », que l'auteur donne tous deux en exemples concrets de cette situation, c'est bien parce que ceux-ci portent en eux un ou plusieurs Désirs manifestés auparavant par d'autres individus libres et conscients qui ont choisi de porter leur Désir sur cette « décoration » ou ce « drapeau ». [...]
[...] Contrairement à ce qu'il serait aisé de penser, le Désir humain ne porte jamais sur un objet, qu'il soit humain ou matériel, mais inscrit son existence dans l'existence préliminaire d'un autre Désir également humain. Bien qu'il cherche à satisfaire son Désir au travers d'une action, c'est le Désir dans son intégralité que l'homme désire et l'assouvissement tout comme l'objet de ce désir sont secondaires car ils n'existeraient pas sans l'existence d'un autre Désir humain, qui lui, est principal. Pour être désirable par un homme, une chose doit être désirée par un autre et c'est ainsi que l'histoire de l'Homme est le conte de cette dépendance de Désirs désirables et désirés. [...]
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