Les philosophes de l'antiquité tenaient la société pour un fait de nature : ainsi, selon Aristote, l'homme est nécessairement et par nature "un animal politique" (zôon politikon). Mais Hobbes conteste cette idée, qui n'est selon lui qu'un postulat.
[...] Quel animal autre que l'homme en serait capable ? Et l'auteur rejoint en ce sens Aristote lorsqu'il déclare C'est le commerce de la parole qui est le lien de toute société domestique et civile L'on notera également que ces promesses seront explicitement formalisées sous la forme de pactes Aussi avons-nous là l'ébauche du contrat social dont Rousseau se fera plus tard l'écho : pour que la société fonctionne, il faut que tout le monde s'engage Hobbes opère ainsi un divorce entre social et politique. [...]
[...] Elle est le fruit d'un apprentissage, donc d'une culture. Et par conséquent, on ne peut pas déclarer que l'homme est naturellement un animal politique . In fine, si l'on s'accordera à dire que l'idée est radicalement novatrice, l'on notera cependant les limites que posent cet extrait : à aucun moment n'est explicitée la nature de cette société, ni les avantages qu'elle confère. Et l'on pourra ainsi se demander si, au vu des problèmes que pose la coexistence, la société est-elle véritablement une solution ? [...]
[...] Or les hommes sont nés enfants. Donc ils ne peuvent pas immédiatement, c'est-à-dire pas naturellement, éprouver le besoin de s'associer. Comment alors soutenir encore que les sociétés humaines sont naturelles ? B - LES HOMMES S'EN SONT DONNES LES MOYENS. Hobbes s'en explique de façon laconique : la société ne provient pas d'une disposition naturelle de l'homme, mais d'un apprentissage. La scission entre nature et culture est on ne peut plus frappante ; la nature nous a donné le besoin de nous associer, les hommes s'en sont donné les moyens. [...]
[...] Le ton du texte est donné dès les premiers mots. Il commence par une concession il est vrai que ce qui laisse entendre que l'auteur va tout d'abord évoquer une thèse qu'il juge acceptable. L'homme ne peut pas vivre et survivre seul : notre naissance et notre vieillesse nous laissent fragiles et dépendants, de telle sorte que les besoins les plus fondamentaux se nourrir, se vêtir, se protéger deviennent irréalisables sans l'assistance d'autrui. A l'instar de la pensée antique, Hobbes reconnaît ainsi que par nature l'homme ne peut vivre dans la solitude. [...]
[...] Voilà une question que les philosophes de l'Antiquité auraient écarté d'un geste distrait de la main, car la pensée qui prévalait alors et qui prévaudra jusqu'au XVIIe siècle est celle qui tenait la société comme fait de nature. Il est manifeste que l'homme est par nature un animal politique dixit Aristote, et cela n'a rien d'un accident puisque l'homme est destiné à vivre en communauté. Il faudra donc attendre Hobbes et son De Cive pour qu'enfin cet axiome soit remis en cause. [...]
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