La culture morale

Résumé du document

Dans cet extrait des Réflexions sur l'éducation, le philosophe Emmanuel Kant analyse le mécanisme de sensibilisation de l'enfant à la morale. Selon Kant en effet, un enfant a besoin pour agir moralement de percevoir le contenu moral de son action, c'est-à-dire de ne pas simplement réagir au risque de punition s'il enfreint une consigne. Dans cette perspective, nous tenterons de voir en quoi selon Kant la morale, pour être transmise sans être déformée, doit être enseignée indépendamment des contraintes qui en découlent

Extraits

[...] Or le bien moral doit être pratiqué sans intérêt particulier. Pour démontrer plus avant sa théorie de l'éducation, Kant transpose l'exemple auprès de l'enfant devenu jeune adulte, en soulignant précisément que le système parental ne saurait durer toute la vie. Au contraire, dans le monde extérieur "les choses ne se passent point ainsi" Réflexions sur l'éducation, 1776-1787) et le risque est donc de former des adultes insuffisamment préparés à la réalité extérieure. Dès lors, un enfant qui aurait été habitué à être récompensé lorsqu'il fait le bien finirait par cesser de se comporter de manière vertueuse puisqu'il ne recevrait plus aucune récompense. [...]

[...] Or la morale et la conception ne peuvent dépendre des circonstances, sans quoi elles ne sont plus que de l'opportunisme, et c'est ce contre quoi Kant nous met en garde en expliquant que le bien ne serait plus le guide de notre action mais serait au contraire remplacé par ce qu'il y a de "plus avantageux" (l. 16). III. Au contraire, le bon et le mauvais sont des absolus car ils concernant l'homme Fort d'un premier constat et de sa démonstration pratique, Kant développe un dernier point abordé précédemment : la morale fondée sur le bien ne peut être relative : "ce qui est bon ou mauvais" Réflexions sur l'éducation, 1776-1787) sont des absolus. C'est la raison pour laquelle le philosophe les définit comme des "concepts" (l. 19) à transmettre aux enfants "de bonne heure" (l. [...]

[...] La punition l'éduque pas sur le long terme, elle permet d'obtenir une modification rapide du comportement : c'est un pis-aller. En cela, l'éducation morale a donc pour objet l'homme lui-même, et sa préservation : "les maximes doivent avoir leur origine dans l'homme lui-même" Réflexions sur l'éducation, 1776-1787) car c'est la possibilité d'une vie en société qui motive l'enseignement moral, afin de ne pas agir en fonction de son seul intérêt propre. Quiconque est persuadé du bien-fondé de son action n'a pas besoin de surveillance pour l'effectuer : nous aidons une personne âgée à porter ses commissions parce que nous voulons la soulager de cette peine, nous payons nos impôts car nous savons qu'ils constituent une redistribution de la richesse vers les plus démunis, etc. [...]

[...] Les "maximes" (l. s'opposent dont ici à la "discipline" (l. entendue comme système de récompenses et de sanctions. Dans le cas où l'enfant serait éduqué par discipline, il risquerait de ne pas percevoir l'objet moral de tel ou tel comportement : s'il ne doit pas être violent avec ses camarades, ce n'est pas parce que ses parents le punieraient s'ils l'apprenaient, mais bien parce que ses camarades sont des alter ego qu'il convient de respecter comme tels. C'est ce mécanisme que Kant désigne en mentionnant d'agir "d'après certains mobiles" (l. [...]

[...] ) sublime" (l. 20) qui ne doit pas être confondue avec le comportement d'apparence morale qu'il nomme "discipline" (l. car si les deux éléments peuvent à l'occasion se côtoyer, ils demeurent toutefois de nature très différente. Conclusion Ainsi, Kant entend distinguer la morale de la discipline en montrant les limites d'un enseignement moral qui se limiterait à prescrire des comportements sans chercher à ancrer dans les enfants l'idée de justice. Sans cette idée de justice, les comportements obtenus grâce à la discipline ne peuvent pas être considérés comme moraux, puisqu'il existe un risque qu'ils aient été suscités par la peur de la sanction ou l'attrait de la récompense. [...]