Commentaire linéaire du chapitre III du Livre I de l'oeuvre de Rousseau Du Contrat Social.
[...] En revanche, elle ne peut pas me convaincre à m'engager dans quelque projet. Elle ne peut tout au plus que me faire constater mon infériorité, laquelle va me rendre prudent vis-à-vis du plus fort. Dans un deuxième temps, Rousseau va se servir d'une réfutation par l'absurde -"supposons un moment ce prétendu droit"- pour démontrer que parler de "droit du plus fort" est incohérent. En effet, si la force faisait droit, alors en vertu même de la relativité propre a la force, l'effet changerait nécessairement en même tant que la cause -car "toute force qui surmonte la première succède à son droit"- au gré des aléas des rapports de forces. [...]
[...] Ce point de vue adopté par les partisans de la théocratie découle de l'oeuvre écrite par St Augustin vers le Ve siècle : La Cité de Dieu: Selon St Augustin, l'église est la figure de Dieu sur terre, son rôle est de faire régner ici-bàs la paix et la justice véritable et pour l'atteindre elle doit faire en sorte que l'Etat devienne son subordonné de sorte qu'aucune puissance - et en particulier celle dont serait capable un pouvoir civil - ne puisse posséder une autonomie propre. Rousseau critique le principe de cette théorie car elle a recours à la puissance de la force. En effet, qu'elle s'appuie ou non sur la puissance d'un hypothétique dieu, la force est telle qu'elle me contraint par nécessiter et non par volonté. On ne peut alors pas parler d'obligation mais de soumission : Il s'agit donc d'une contrainte de fait. [...]
[...] Le prétendu droit du plus fort n'est donc en aucun cas légitime pour établir la fondation d'une autorité politique reconnue. Après avoir disqualifié le droit du plus fort, Rousseau pourra introduire ses concepts essentiels à savoir "volonté générale" et la "souveraineté du peuple" lesquels sont les seuls fondements qui permettent d'établir une autorité politique valable. [...]
[...] Rousseau veut montrer que la force ne peut engendrer le droit puisque la violence ne peut créer ni moralité, ni devoir. En effet, le plus fort reste le plus fort jusqu'à ce qu'un autre prenne sa place, ce qui est aux yeux de Rousseau moralement illégitime. L'enjeux du texte apparaît alors: Rousseau veut disqualifier la force comme type de pouvoir et fonder le droit sur ce qu'il va appeler "la volonté générale", et ceci afin de s'opposer à des théoriciens du droit naturel et des partisans de l'absolutisme comme Hobbes et Grotius. [...]
[...] Rousseau va ainsi montrer que la crainte est une raison moins stable et surtout moins profonde que le sentiment que procure le devoir. La domination du plus fort va tenter de se déguiser en obligation juridique. Ainsi le droit du plus fort est bien "pris ironiquement en apparence" car le fort va en fait faire abstraction du droit -lequel est alors" réellement établi en principe"- dans la mesure ou il va travestir cette domination physique en obligation juridique. Un tel travestissement pour Rousseau est malhonnête et contradictoire parce que le droit suppose en effet une obéissance libre et volontaire! [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture