Dans ce texte, Nietzsche expose sa vision de la conscience, qui se définit comme la connaissance des pensées, des actes et des sentiments d'un Homme, la faculté de percevoir des phénomènes, ou ses émotions. La conscience a donné lieu à bien des tentatives de définition, d'interprétation, et elle est l'un des concepts philosophiques dont la lecture a profondément varié dans le temps et selon les auteurs.
Nietzsche est précisément l'un des philosophes à avoir une théorie des plus originales : alors que la plupart des définitions de la conscience s'intéressent au sujet, à l'individu, au “Je ”, et explorent la conscience comme une démarche centrée sur l'individu, Nietzsche lie la conscience à l'interaction avec autrui. En outre, c'est la faiblesse et la vulnérabilité de l'Homme qui génèrent l'apparition de la conscience de soi. Elle n'est donc pas la quête d'une identité mais le résultat d'une nécessité. De plus, pour Nietzsche, la pensée et le langage ne sont pas présentés comme des attributs de la supériorité de l'Homme par rapport aux animaux.
[...] "La conscience n'est qu'un réseau de communications entre les hommes Friedrich Nietzsche Texte à étudier La conscience n'est qu'un réseau de communications entre les hommes ; c'est en cette seule qualité qu'elle a été forcée de se développer : l'homme qui vivait solitaire, en bête de proie, aurait pu s'en passer. Si nos actions, pensées, sentiments et mouvements parviennent moins en partie- à la surface de notre conscience, c'est le résultat d'une terrible nécessité qui a longtemps dominé l'homme, le plus menacé des animaux : il avait besoin de secours et de protection, il avait besoin de son semblable, il était obligé de savoir dire ce besoin, de savoir se rendre intelligible ; et pour tout cela, en premier lieu, il fallait qu'il eût une conscience qu'il sût lui-même ce qui lui manquait, qu'il sût ce qu'il sentait, qu'il sût ce qu'il pensait. [...]
[...] Nietzsche a donc une théorie originale de la conscience, qui est le résultat de l'assouvissement d'un besoin et non pas d'une recherche de l'identité. Nietzsche participe ainsi, avec quelques-uns de ses contemporains, à une remise en cause radicale de la conception classique de la conscience. Par exemple, selon Marx, ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience Ce sont donc les conditions matérielles de la société qui modifient notre mode de pensée : l'infrastructure détermine la superstructure. [...]
[...] C'est une vision de l'homme qui est partagée par le zoologiste Desmond Morris qui, après avoir étudié son comportement de la même manière que les animaux, parle de l'Homme comme d'un singe nu Mais dans le monde animal, l'homme est le plus faible et le moins apte à se débrouiller par lui même. Il a donc besoin du soutien de ses semblables, et c'est précisément pour cette raison, selon Nietzsche, que l'homme va développer des capacités d'identification de ses besoins et de communication pour obtenir ce qui lui manque. C'est ce besoin de la Société qu'explique Spinoza : Nous voyons en effet ceux qui viennent en barbare, sans civilisation, mener une vie misérable et presque animale L'homme a un besoin irrépressible de se connaître, de se protéger, de communiquer. [...]
[...] En particulier, c'est la conscience de soi qu'ils posaient comme la source de la connaissance du monde. Les auteurs ultérieurs ont néanmoins poursuivi la réflexion sur la conscience en réaffirmant que celle-ci reste un processus largement individuel. En effet, elle est un instrument d'adaptation au réel et au monde. Husserl approuve le doute comme base, comme démarche initiale de la philosophie, mais le monde et la conscience sont corrélatifs, toujours donnés ensemble. Il définit donc cette nécessité pour la conscience d'être consciente d'autre chose que soi l'intentionnalité, qui introduit l'analyse de la dimension essentielle de l'être. [...]
[...] L'apparition de la conscience n'est pas le résultat d'un travail intérieur, personnel, mais de circonstances extérieures liées à la nécessité pour l'homme d'entrer en relation avec d'autres. Un Homme n'ayant jamais communiqué avec un autre Homme n'est pas conscient de lui-même, il ne s'est jamais posé de question et ignore même qu'il en est capable. On peut s'appuyer sur l'exemple des enfants sauvages, qui ont vécu reclus de la société et de tout contact humain : un enfant sauvage ne connaît ni le langage, ni les codes sociaux, et l'isolement a entraîné un non- développement des capacités de réflexion et de communication. [...]
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