Les théories basées sur la conscience de soi sont très diverses : de nombreux philosophes s'étant penchés sur le sujet, chacun présente un point de vue très différent. Bergson exprime dans ce texte ses réflexions à propos des différences entre la conscience de l'animal et la conscience de l'homme.
Qu'est ce que la conscience humaine et qu'apporte-t-elle à l'individu ?
Selon Bergson, la conscience de soi correspond majoritairement à la « puissance de choix » que l'individu possède, à sa capacité à prendre des décisions, à se poser des questions et à en chercher les réponses, à s'interroger sur le vrai et le faux, le bien et le mal. Or ces capacités sont très réduites chez l'animal. C'est ainsi cette puissance de choix qui fait la force de l'homme, apte à entretenir une conscience réflexive. En ce point, Bergson rejoint Socrate, pour qui la conscience aboutit à la connaissance : « Le plus intelligent est celui qui sait qu'il ne sait rien ».
[...] Selon lui, les deux sont radicalement différentes, l'une n'étant que le fruit d'une variation de la routine, l'autre une capacité à atteindre la liberté et l'invention. En effet, l'homme conscient de lui-même est maître de ses actes, de ses pensées, de ses jugements. Il est capable de rechercher la vérité et de se libérer des préjugés desquels il était prisonnier. [...]
[...] Or, chez l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le thème de la routine. Enfermé dans les habitudes de l'espèce, il arrivera sans doute à les élargir par son initiative individuelle ; mais il n'échappe à l'automatisme que pour un instant, juste le temps de créer un automatisme nouveau : les portes de sa prison se referment aussitôt ouvertes ; en tirant sur sa chaîne il ne réussit qu'à l'allonger. Avec l'homme, la conscience brise la chaîne. Chez l'homme, et chez l'homme seulement, elle se libère. Bergson. [...]
[...] Pour Bergson, cet aspect est important puisqu'il utilise les termes exactement et puissance De ce fait, la conscience fait la force de l'homme, qui est maître de ses choix et de ses actes a priori contrairement à l'animal. Selon Bergson, la conscience permet également d'envisager toutes les éventualités offertes, de faire un choix parmi plusieurs possibilités, de gouverner ses actes et d'entretenir un libre-arbitre. Sans conscience de lui-même, l'être vivant serait incapable d'émettre des hypothèses, ou de choisir une option différente de l'action réelle régie par des instincts ou des forces inconscientes. [...]
[...] Certes, il est possible à un animal, par cette forte volonté, de modifier la routine dont il est prisonnier. Mais cette modification, ce basculement, est très éphémère car l'animal retombe instantanément dans une nouvelle routine, peu différente de la précédente, puisque ses besoins ne varient pas. Par l'usage d'une métaphore, Bergson insiste sur le fait que l'animal est prisonnier, enfermé par le déterminisme culturel et par la routine dont il est l'esclave. L'animal n'est donc pas capable de se libérer, d'agir selon son propre entendement. [...]
[...] Mais surtout, l'être vivant ayant conscience de lui-même est un individu libre, et l'étendue de la conscience selon les espèces est proportionnelle à l'étendue de cette liberté. Examinons ce qui diffère entre la conscience d'un animal et la conscience de l'homme. Nous avons vu que la conscience humaine, très développée, aboutit à la liberté, à la connaissance et à la prise de décisions. Cependant, si l'animal possède une conscience de lui-même, ses apports sont très réduits : mis à part les personnages de La Ferme des Animaux, inventés par Orwell, les animaux ne possèdent pas cette capacité à réfléchir et à revenir sur son jugement. [...]
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