Ce commentaire d'un extrait de La condition de l'homme moderne d'Hannah Arendt présente dans un premier temps la thèse exposée : le travail ne peut se restreindre à la notion restrictive de « gagne-pain ». Les idées de l'auteur sur ce point sont développées et étudiées. Dans un deuxième temps, le lien est fait avec les autres théories du travail (Hegel, Marx...) et une ouverture du sujet est faite sur d'autres perspectives philosophiques.
[...] Dans ce texte, Hannah Arendt explique sa thèse selon laquelle la société actuelle donne une interprétation univoque du travail. « Quoi que nous fassions nous sommes censés le faire pour « gagner notre vie », toute activité ne doit donc avoir pour but qu'un apport financier. Ce « verdict », restreignant le travail a sa fin nécessaire mais non-unique, semble être un jugement approuvé par la quasi-totalité de la société. La seule exception se détachant e cette définition du travail se limitant à son sens d'activité rémunératrice est celle accordée au travail de l'artiste. Dans ce cas, on considère dans le travail non seulement l'apport financier qu'il peut entraîner mais aussi et en premier le produit de ce travail, ici l'oeuvre de l'artiste. En effet, en ne cherchant dans le travail que la rémunération, tous les moyens pour arriver à une production ainsi que cette même production, qui seule entraîne la rémunération, sont négligés. Dans la conception du travail relevée par l'auteur, le travailleur est entièrement détaché de sa production, de son oeuvre, le travail n'a plus pour but de créer (...)
[...] La seule exception que consente la société concerne l'artiste qui, à strictement parler, est le dernier "ouvrier" dans une société du travail. La même tendance à rabaisser toutes les activités sérieuses au statut du gagne pain se manifeste dans les plus récentes théories du travail, qui, presque unanimement, définissent le travail comme le contraire du jeu. En conséquence, toutes les activités sérieuses, quels qu'en soient les résultats, reçoivent le nom de travail et toute activité qui n'est nécessaire ni à la vie de l'individu ni au processus vital de la société est rangée parmi les amusements. [...]
[...] Dans la conception du travail relevée par l'auteur, le travailleur est entièrement détaché de sa production, de son œuvre, le travail n'a plus pour but de créer. Le produit ne tient qu'une place éphémère dans le processus du travail. Produite devient un moyen pour parvenir à une seule fin : gagner sa vie De plus, ceci exclut toute notion de plaisir dans le travail, celui-ci n'étant alors qu'une contrainte, n'apparaissant que sous son aspect aliénant. Par ailleurs, l'auteur constate aussi que cette vision met en place une opposition théorique forte entre le travail et les loisirs, entre les activités sérieuses et l'amusement. [...]
[...] Si son utilité ne peut être qualifiée et quantifiée dans l'un de ces deux domaines, elle est jugée inutile à l'homme et au bon fonctionnement de la société. Cette définition du fait qu'elle est reconnue par l'ensemble de la société, devient un fondement théorique sur lequel se base toutes les réflexions sur le travail et sur lequel se base toutes les réflexions sur le travail et son rôle. Cette théorisation entraîne de nombreuses erreurs puisqu'elle pose des limites à la définition du travail, la durci[t] De plus, personne ne contredisant cette vision, chacun cherche à la vérifier dans le concret, force les choses à être comme il les voit ou veut les voir. [...]
[...] Extrait de la condition de l'homme moderne, Hannah Arendt Commentaire Aujourd'hui, la société, son organisation se basent sur le travail. Un individu n'est défini par rapport aux autres, n'a sa place dans la société que grâce à l'activité qu'il exerce. Dans ce texte, Hannah Arendt prend appui sur l'importance qu'a le travail aujourd'hui pour expliciter et défendre sa thèse. Quoi que nous fassions, nous sommes censés le faire pour gagner notre vie le travail a aujourd'hui un sens restreint rattaché à la notion de gagne-pain Ceci a pour conséquence la dépréciation des autres activités rabaissées au rang d'amusements et donc séparées de toute notion d'utilité, toute activité qui n'est pas liée au travail devient un passe-temps Ici, l'auteur souhaite faire prendre conscience de l'importance d'une vision plus large du travail afin d'accorder une plus juste considération aux activités actuellement définies comme loisirs. [...]
[...] Alors que l'ensemble des grands penseurs contemporains semblent s'accorder sur cette vision restrictive du travail, ce dernier a fait l'objet de nombreuses réflexions au cours de l'Histoire et ses intérêts multiples ont été mis en évidence. Dans la conception actuelle, les moyens mis en œuvre, le produit du travail, sa place dans la construction et la stabilité de l'homme sont totalement reniés. Ceci va à l'encontre de toutes les précédentes théories sur le travail. Ces dernières se basent pour la plupart sur un texte fondateur d'Hegel, la Dialectique du maître et de l'esclave. Dans sa réflexion, il met en avant l'aspect libérateur du travail. [...]
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