La mètis, selon Detienne et Vernant, dans leur livre Les Ruses de l'intelligence : La mètis des Grecs (Paris : Flammarion, 1974), est une « forme particulière d'intelligence, une prudence avisée », qui permet de gagner face à un adversaire, qu'il soit plus fort physiquement, ou plus puissant au niveau des richesses.
C'est au travers de trois exemples pris dans la culture grecque que nous analyserons ce concept de mètis, qui permet de contourner les difficultés du face à face avec l'adversaire, en cherchant le point faible de ce dernier. Utilisée le plus souvent afin de se sortir d'une situation complexe, voire désespérée, la mètis peut également être une manière « perverse » d'arriver à ses fins.
[...] C'est au travers de trois exemples pris dans la culture grecque que nous analyserons ce concept de mètis, qui permet de contourner les difficultés du face à face avec l'adversaire, en cherchant le point faible de ce dernier. Utilisée le plus souvent afin de se sortir d'une situation complexe, voire désespérée, la mètis peut également être une manière perverse d'arriver à ses fins. Dans un premier temps, nous étudierons la ruse d'Ulysse face au Cyclope Polyphème dans l'Odyssée d'Homère, puis celle qu'Héra a employée pour tromper Zeus dans l'Iliade, et enfin nous nous pencherons sur un exemple tiré des Métamorphoses du poète latin Ovide, qui oppose Hermès à Argus. [...]
[...] Argus avait une tête entourée de cent yeux ; ils se reposaient à tour de rôle, par groupes de deux à la fois ; tous les autres veillaient et restaient en faction C'est ainsi qu'Ovide décrit Argus Panoptès (celui qui voit tout) dans son oeuvre Les Métamorphoses (livre 606-633). Zeus, épris de la nymphe Io, la métamorphose en génisse afin de la soustraire à la jalousie de Héra. Cependant cette dernière, connaissant les ruses de son mari, demande à Argus de la surveiller. C'est alors qu'intervient Hermès : en effet, sur l'ordre de Zeus, il part à la recherche d'Argus afin de délivrer Io. Ce qu'il est intéressant de noter dans cet exemple, c'est que contrairement aux deux autres, Hermès n'agit pas à des fins personnelles. [...]
[...] Ainsi, par les ornements, le mensonge, et l'aide de dieux qu'elle trompe ou corrompt, Héra parvient à endormir Zeus. Or cet épisode peut paraître contradictoire : en effet, Hésiode dans sa Théogonie présente Zeus comme le plus rusé de tous les dieux, parce qu'il a avalé Métis. Pourtant Héra parvient à la tromper pour arriver à ses fins. On peut alors se demander si la mètis n'est pas parfois dénuée de méfiance, comme ce pourrait être le cas pour Zeus dans cet épisode. [...]
[...] Elle va alors chercher une ruse pour endormir le roi des dieux. On peut tout d'abord noter que cette forme de mètis est déjà différente de celle qui opposait Ulysse au géant : non seulement, il s'agit ici de deux dieux, mais surtout du Dieu rusé par excellence, à savoir Zeus. L'action d'Héra comporte trois étapes : tout d'abord, Héra prépare son corps qu'elle pare des plus beaux ornements : elle utilise de l'ambroisie pour nettoyer son corps désirable de toute souillure puis elle peign[e] ses cheveux qu'elle tresse, s'habille d'une robe divine qu'Athéna avait pour elle fabriquée La ruse porte alors sur l'apparence, pour charmer le dieu et détourner son attention pendant que le Sommeil exécute ses ordres. [...]
[...] Par la manière habile dont Hermès raconte, et surtout avec l'aide de sa baguette qui répand le sommeil qui constitue un troisième élément de ruse et fait entrer la magie dans le concept de mètis, Hermès parvient enfin à endormir le monstre et à le tuer. Cet épisode montre ainsi une autre facette de la mètis : en effet, elle peut être utilisée pour quelqu'un d'autre que soit ; de plus, on peut affirmer que la parole et le «logos peuvent être une forme de mètis, bien que certains philosophes comme Platon notamment opposent la philosophie et la mètis. [...]
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