Commentaire d'un texte extrait du « Second traité du gouvernement civil », de John Locke. Qu'est-ce qui légitime la propriété privée ? Y a-t-il un fondement positif inhérent à la propriété privée ?
[...] Il s'agit en effet d'une énumération de trois exemples qui ont pour vertu de démontrer combien l'expérience personnelle, sur ce qui est commun, fonde en toute logique la propriété. Dans un premier temps, des lignes 1 à 11, John Locke commence en exposant deux exemples, assez simples : ramasser des glands sous un chêne et s'en nourrir, ou encore des pommes cueillies dans un bois (lignes 1 et 2). Il s'agit là d'un moyen de se nourrir et d'assurer sa subsistance. Ces exemples paraissent évident, Locke le dit lui-même en disant se les est certainement appropriés (lignes 2 et 3). [...]
[...] On remarque le verbe avoir qui indique bien la possession. L'auteur précise bien que cette propriété n'apporte aucune contrainte ou contrepartie de la part d'autrui : il s'agit d'un état de nature où règne la profusion et l'abondance des choses, ainsi il y a assez de choses, de nourriture pour tous sans que cela provoque la cession ou le consentement de qui que ce soit (ligne 26). Nous revenons au travail (ligne 26 et 27) : c'est donc celui-ci qui permet la propriété. [...]
[...] Celui-ci vient du latin tripalium, il désigne un instrument de torture. On a cette idée que le travail est contraignant et apporte de la souffrance. Plus généralement, le travail est une activité de transformation de la nature dans un sens utile à l'homme, en vue de la satisfaction de ses besoins (ici il s'agit de se nourrir). Par conséquent, ce qui fait la différence entre propriété commune et privée, c'est bien le travail. En termes mathématiques, on pourrait écrire : P = N + T avec P désignant la propriété privée, N la nature et T le travail. [...]
[...] L'extrait de texte auquel nous sommes invité à méditer aujourd'hui vient du philosophe anglais John Locke, demeuré célèbre pour être le fondateur de l'empirisme. Celui-ci évoque en particulier deux thèmes : celui du travail et celui de la propriété privée. Mais de manière plus radicale, c'est davantage le thème de la libération de l'homme par rapport à la nature qui est ici traité par le biais de l'invention de la propriété privée. A travers les concepts de nature, culture, d'esprit, du droit, de l'utilité, de la liberté et de l'expérience, Locke nous amène à nous poser cette question : qu'est-ce qui légitime la propriété privée ou plus exactement, y a-t-il un fondement positif inhérent à la propriété privée ? [...]
[...] Parce que l'homme est un être de besoin et de désir, il a inventé le travail et la propriété privée, cela relève donc de l'utilité et du confort. L'objet, c'est-à-dire ce qui est dans la nature, devient mien car, à travers l'action que j'ai exercée sur lui, il porte de ce fait la trace. Au fond, la propriété privée n'est que le résultat de l'action sur la nature d'où deux conséquences majeures : la propriété privée est un fait, elle vient de l'expérience personnelle ; le travail fournit ce qui n'existe pas dans la nature et qui fait défaut à l'être humain pour son développement : distinction entre mien et tien. [...]
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