La civilisation des mœurs est le premier tome du Procès de la civilisation, publié par Norbert Elias en 1939 et traduit en français en 1973. Philosophe allemand issu d'une famille juive, Norbert Elias quitte l'Allemagne pour la Suisse, la France puis l'Angleterre lorsque les nazis arrivent au pouvoir. C'est en Angleterre qu'il entreprend la rédaction de son œuvre.
Dans ce premier tome, il s'intéresse à la naissance et au développement du processus de civilisation. En effet, il considère que « la civilisation est l'aboutissement d'un processus », qu'elle est en « progression constante ». Plus précisément, il définit la civilisation comme étant le résultat de la maîtrise de plus en plus forte des pulsions humaines. Dans ce sens, le degré de civilisation d'un peuple pourrait être mesuré grâce à la capacité des Hommes à maîtriser, à coordonner et à soumettre à certaines règles - définies par la société - leurs besoins les plus naturels.
L'originalité de l'œuvre de Norbert Elias s'inscrit dans sa structure même. Afin d'éclairer sa pensée et d'étayer au mieux sa thèse, celle d'un processus de civilisation basé sur une maîtrise progressive des pulsions, il s'appuie sur de nombreux d'exemples, aussi diversifiés que pertinents, issus chacun d'un domaine artistique ou littéraire différent et datant d'une période particulière. Ces exemples permettent au lecteur d'accompagner l'auteur dans sa réflexion, et de mener en même temps que lui une analyse parallèle sur la question.
Elias construit La civilisation des mœurs en deux parties : dans la première, il s'agit pour lui de définir les termes de son étude, d'étudier leur développement, de développer leur signification. Il oppose pour cela le terme de « civilisation » française ou anglaise à celui de « culture » allemande, et énonce les principales différences qu'il décèle entre ces deux notions. Dans une seconde partie, plus longue, il détaille sa pensée en s'appuyant sur quantité d'exemples. Il analyse les comportements les plus naturels de l'Homme, et entreprend de relier leur évolution à celle du processus de civilisation.
Tout au long de son œuvre, Elias étudie de façon très précise le rôle de la société de cour et son influence sur le processus civilisateur. Il développe de nombreux exemples qui lui permettent de montrer que la cour participe fortement à mettre en place les critères de la civilisation. Elle serait en effet à l'origine des modes, des comportements ou des langages en vogue, adoptés ensuite par l'ensemble de la société qui aurait ainsi fait un pas de plus dans les étapes de la civilisation.
[...] Considérant qu'elles apportent une compréhension plus claire des mœurs de l'époque, nous avons choisi ici de joindre celles qui font l'objet de la description de l'auteur en annexe. Voici donc dans l'ordre les planches intitulées Saturnus, Mars et Venus. [...]
[...] C'est en effet le cas par exemple pour Erasme de Rotterdam, dont l'œuvre De civilate morum puerilium (1530), est citée à maintes reprises. Il en est de même pour celle de La Salle, Les règles de la Bien-séance et de la Civilité Chrétienne qui a surtout la particularité d'avoir été rééditée en 1774 avec la suppression de nombreux passages, et dont l'étude a permis à l'auteur de rendre compte du progrès de la civilisation qui a été à l'origine de cette réédition. [...]
[...] La civilisation implique, dans son évolution, un développement de la pudeur. Certaines personnes seraient tellement raffinées qu'elles ne supporteraient pas la vue de la viande sur les étalages des boucheries Comment ces personnes pourraient-elles donc voir quelqu'un se servir de ses mains pour manger à la même table qu'elles ? Le développement progressif de l'autocontrainte. Progressivement, ce qui paraissait au début comme une contrainte sociale, un conditionnement par respect pour la sensibilité de son prochain, devient partie intégrante du comportement humain. [...]
[...] Toute évolution de la civilisation n'est que sociale. Ce qui était acceptable à un moment de l'histoire devient progressivement répugnant, tabou, dérangeant. Il doit donc disparaître du décor social La société de cour et son rôle dans cette évolution. Le processus de civilisation débute en haut de la hiérarchie sociale. En France par exemple, la société de cour et son ouverture à la haute société bourgeoise a permis à cette dernière d'intégrer les bonnes manières celles qui étaient en vogue à la cour. [...]
[...] Le rôle de la famille dans la civilisation des mœurs. Dans son analyse, Elias évoque à plusieurs reprises la place de la famille au sein du processus civilisateur. La famille serait le lieu où peuvent s'exprimer les pulsions les plus intimes de l'individu. Elle constituerait donc à la fois le lieu au sein duquel doivent être inculquées les valeurs de la société aux enfants, et aussi celui où l'on peut se laisser aller où l'on peut relâcher quelque peu la maîtrise que l'on doit avoir de nos pulsions. [...]
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