Commentaire de la fable « Le chien et le loup », de Jean de La Fontaine
La Fontaine nous décrit deux animaux très différents. L'un est famélique ; il suffit de deux monosyllabes pour le décrire. L'autre a besoin de deux vers et de quatre adjectifs pour étaler sa puissance. Les forces en présence sont donc disproportionnées. Certes, le loup rêve de terrasser son adversaire, mais le champ lexical de la lutte (« attaquer », « mettre en quartiers », « livrer bataille ») est vite remplacé par l'adverbe « humblement » (vers 10) : le loup admet qu'il n'est pas de taille et reconnaît la supériorité du dogue.
[...] Le chien et le loup de Jean de La Fontaine La Fontaine nous décrit deux animaux très différents. L'un est famélique ; il suffit de deux monosyllabes pour le décrire. L'autre a besoin de deux vers et de quatre adjectifs pour étaler sa puissance. Les forces en présence sont donc disproportionnées. Certes, le loup rêve de terrasser son adversaire, mais le champ lexical de la lutte attaquer mettre en quartiers livrer bataille est vite remplacé par l'adverbe humblement (vers 10) : le loup admet qu'il n'est pas de taille et reconnaît la supériorité du dogue. [...]
[...] Mais il a clairement pris parti pour l'animal sauvage, qui n'est plus comme au vers 1 un loup mais est devenu maître loup maître c'est-à-dire l'inverse de l'esclave. Loup et Chien s'écrivent avec des majuscules. On peut donc en déduire qu'ils représentent des symboles. Le Dogue, beau parleur, ne sachant combattre qu'avec des mots, même face à un adversaire vaincu d'avance, éduqué à flatter et à complaire ne serait-ce pas le courtisan, que le roi Louis XIV a domestiqué ? [...]
[...] Mais du moins est-il assez aimable pour proposer au loup une vie meilleure. Tandis que les paroles du loup nous étaient rapportées au style indirect, le chien s'exprime directement, en utilisant le futur tiendra ferez et l'impératif quittez suivez-moi : tout cela prouve son assurance, et le sentiment de sa supériorité. Entre les deux animaux, physiquement et intellectuellement, c'est le chien qui l'emporte. Il est donc logique que ce soit lui qui soumette le loup. Il répond longuement, par une première tirade de 9 vers, puis une seconde de 7 vers aux questions timides du loup. [...]
[...] Chacune de ces tâches est récompensée : aux trois services rendus, correspondent os de poulet os de pigeon et caresses On comprend donc que devant une telle perspective, le loup se métamorphose : lui, si cruel, désormais pleur(e) de tendresse !Il est prêt à se faire chien. Mais la fin de la fable voit s'accomplir un renversement. Le loup, alarmé par un détail incongru, multiplie les questions : six en cinq vers. Et surtout, l'aisance verbale du dogue fait place d'abord à des monosyllabes (le chien ne veut pas répondre), puis à une réponse laborieuse : le sujet collier est séparé de son verbe est par une relative et un complément antéposé, comme s'il s'agissait de retarder le plus possible l'aveu de la servitude. [...]
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