Héritier de l'école anglaise du XVIIe siècle, David Hume (1711-1776) poursuit les travaux des empiristes Locke et Berkeley. Son originalité est d'examiner plus en avant que ses prédécesseurs les notions de substance et de causalité. La causalité constitue la page la plus importante qu'il a laissée à la philosophie occidentale. Kant, en lisant la partie critique de son raisonnement, fait une découverte qui lui permettra de rediriger tout un pan de sa philosophie : le jugement de causalité n'est pas un jugement analytique comme il le croyait, mais un jugement synthétique, la cause et l'effet n'étant pas liés nécessairement. À en croire Anthony Quinton, l'influence de Hume s'étend jusqu'à nos jours puisque "contrairement à tant de ses autres assertions majeures, cette partie de son œuvre continue à attirer l'attention des philosophes sans être rejetée dans la catégorie des provocations de peu d'intérêt".
[...] 249), mais n'en demeure pas moins un principe essentiel de la nature humaine Michel Malherbe, La philosophie empiriste de David Hume, Paris, Vrin pp à BIBLIOGRAPHIE 1. [...]
[...] Si la connexion nécessaire n'est pas démontrable, c'est qu'une telle idée n'est pas le fruit d'un raisonnement. Ainsi, l'idée de pouvoir n'est issue ni de l'expérience ni de la raison. Elle n'est pas innée et n'est pas contenue dans l'idée de Dieu. Après avoir détruit les arguments de ses prédécesseurs, Hume est dans une impasse. Ne découvrant nulle part l'idée de connexion nécessaire, il ne peut s'empêcher de conclure que nous nous trompons en nous imaginant que nous pouvons former une telle idée générale (p. [...]
[...] En effet, la causalité repose sur une détermination de l'esprit qui est propre à la nature humaine. Puisque toutes les sciences reposent sur des jugements causaux, puisque ce sont les facultés de l'homme qui les construisent, l'étude de la nature humaine est centrale. Elle est la capitale des sciences, comme l'indique Hume dans son introduction : en prétendant expliquer les principes de la nature humaine, nous proposons en fait un système complet des sciences (p. 34). Cette capitale a un centre : la causalité, par laquelle nous jugeons de tout commencement d'existence. [...]
[...] Cependant, nous n'avons aucune idée de la connexion entre un acte de notre esprit et un acte de notre corps. La volonté est une cause comme une autre. Nous ne faisons qu'observer la conjonction constante entre un acte de volition et un mouvement corporel, et ressentir une détermination de l'esprit à passer d'un objet à l'autre. Quant à la causalité qui opère dans notre esprit (lorsque la volonté précède certaines de nos pensées), elle ne nous permet pas plus de découvrir l'idée de connexion nécessaire. [...]
[...] La connexion nécessaire est donc avant tout une connexion coutumière. Si cette découverte surprend, c'est parce que l'esprit a tendance à associer aux objets ses perceptions internes. Nous pensons que les objets sont liés réellement alors que la connexion nécessaire n'est qu'une production interne, une détermination de notre esprit à passer d'un objet à l'autre. Hume admet la possibilité que les opérations de la nature soient indépendantes de notre esprit, que les objets soient réellement contigus et que l'objet dit cause précède réellement l'objet dit effet, mais le pouvoir ne peut pas être indépendant de notre esprit, car nous ne faisons que l'éprouver intérieurement après avoir observé la conjonction constante des objets. [...]
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