Voile, médecine, dénonciation, religion, Georges, Forestier, Introduction, OEuvres complètes, Molière
À l'opposé de qui réduit la critique médicale des « pièces à médecins » de Molière à un symptôme théâtral de sa maladie, Georges Forestier, dans l'Introduction de l'édition Pléiade des OEuvres complètes du dramaturge, écrit le propos suivant : « C'est sous le voile de la médecine que se poursuivit la dénonciation de la religion. » Par cette phrase paradoxale, Forester pose la continuité d'une même critique sous deux formes différentes, l'une ouverte, publique, l'autre masquée, biaisée. Plus que cela, la syntaxe même, induite par le présentatif « c'est… que… », présente cette affirmation comme une révélation.
[...] Tous en veulent à la fausseté d'un homme qui se fait passer pour un saint homme mais que Dorine résume en deux vers : Il passe pour un saint dans votre fantaisie ;/Tout son fait, croyez-moi, n'est rien qu'hypocrisie 1). C'est donc bien une dénonciation ouverte à laquelle se livre Molière, qui ne prend guère la peine d'atténuer le comportement libidineux de Tartuffe, qui va jusqu'à caresser Elmire sans la moindre gêne ou pudeur : (Il lui met la main sur le genou.) dit la didascalie de la scène 3 de l'acte II. [...]
[...] Dissertation de Lettres Modernes : les pièces à médecins de Molière C'est sous le voile de la médecine que se poursuivit la dénonciation de la religion. Georges Forestier, Introduction, Œuvres complètes de Molière, Pléiade. À l'opposé de qui réduit la critique médicale des pièces à médecins de Molière à un symptôme théâtral de sa maladie, Georges Forestier, dans l'Introduction de l'édition Pléiade des Œuvres complètes du dramaturge, écrit le propos suivant : C'est sous le voile de la médecine que se poursuivit la dénonciation de la religion. [...]
[...] Toutefois, la dénonciation, publique, est faite sous un voile écran, par définition opaque. Cette apparente contradiction est éclairante, en suggérant des aspects communs aux deux domaines, spirituel et scientifique. Le terme de [poursuite] employé par Forestier semble refuser toute progression lors du passage d'un thème à l'autre. Pour Georges Forestier donc, Molière a opéré une simple transformation de la satire du religieux. En effet, l'invocation du second médecin de Monsieur de Pourceaugnac, qui s'exclame : Fasse le Ciel que ces remèdes, qui sont les vôtres, réussissent au malade selon notre intention ! [...]
[...] Ce que Filerin nomme la faiblesse humaine est le fondement de la réussite des deux disciplines. C'est parce que l'homme croit en une vie après la mort qu'il s'en remet aux hommes d'Eglise, c'est parce qu'il pense pouvoir vivre contre la mort qu'il s'en remet au médecin. Et cette croyance, très similaire, a pour origine une peur commune : la peur de mourir, naturelle et inhérente à chacun. C'est donc, en suprême instance, la faiblesse des patients et des ouailles que la comédie moliéresque met en scène, faiblesse qui, de l'aveu même de Filerin, est la clé de voûte des pouvoirs religieux et médical. [...]
[...] Nous avons vu que la critique de la médecine est bien la dénonciation poursuivie de la religion. Néanmoins, les deux condamnations se complètent et proposent ensemble une cible nouvelle : la victime, ou le patient, ou le spectateur. Enfin, il nous apparaît que la comédie ne poursuit pas seulement mais dépasse la dénonciation en proposant une thérapie par la comédie même, en passant par la médecine. C'est parce que la comédie traite de médecine et de remèdes qu'elle peut elle-même devenir un remède contre le mal de vie. [...]
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