Le but du spectacle théâtrale est-il de faire croire à la réalité de l'action représentée sur scène?

Résumé du document

Le but du spectacle théâtrale est-il de faire croire à la réalité de l'action représentée sur scène?



Dans un des albums de Lucky Luke, 'Sarah Bernhardt', un cow-boy assistant pour la première fois de sa vie à une représentation théâtrale, tire sur un acteur, le confondant avec le personnage antipathique qu'il incarnait. Comme on peut le voir avec cet exemple, il n'est pas difficile de croire à la réalité de l'action représentée sur scène. Mais est-ce pour autant le but du théâtre ? Pour répondre à cette question, nous commencerons par repérer les divers procédés utilisés pour donner une impression de réalité ; puis nous verrons que le théâtre est en fait rarement réaliste. Enfin, nous nous demanderons quelle impression produit sur le spectateur l'univers théâtral, dans la mesure où il est à la fois familier et irréel.

Extraits

[...] Pourtant, le théâtre est une illusion, et le public est facilement amené à s'en apercevoir. En effet, la vraie vie est souvent gérée par le hasard. Or, au théâtre, le hasard n'existe pas. Ainsi, lorsque Don Juan sauve un jeune homme attaqué par des brigands, c'est justement son beau-frère, l'homme qu'il voulait à tout prix éviter, qu'il secourt ! Et quand il se promène dans une forêt, le seul monument à s'y dresser est la tombe d'un homme que Don Juan a tué Ces coïncidences ne sont possibles qu'au théâtre. [...]

[...] Chez Mesguisch, les personnages de Molière errent au milieu de statues incongrues mais qui s'animent pour punir Don Juan. Chez Delcampe, la scène s'embrase soudain et sur le ciel en flammes se découpe la silhouette du séducteur précipité en enfer. La musique et les lumières transportent le spectateur dans un univers qu'il ressent physiquement mais où il ne risque rien. Mais le théâtre n'est pas seulement cet endroit magique où l'on s'évade : il permet aussi la réflexion. En effet, le spectateur, même quand il est pris par l'histoire, n'oublie jamais qu'il regarde une fiction ; il n'abandonne donc jamais son esprit critique. [...]

[...] Comme Sganarelle déguisé en médecin, ne sommes-nous pas toujours en train de jouer un rôle et de prendre nos désirs pour des réalités ? En conclusion, ce n'est que très superficiellement que le théâtre imite la réalité. Contrairement au cinéma, dont l'image nous hypnotise, le théâtre nous rappelle sans cesse que ce que nous regardons est un spectacle, une illusion. Il nous oblige à réfléchir à ce que nous voyons, à dépasser les apparences. Et nous nous apercevons alors que le spectacle théâtral en dit plus sur le monde que s'il se contentait d'en être l'illustration. [...]

[...] Comme on peut le voir avec cet exemple, il n'est pas difficile de croire à la réalité de l'action représentée sur scène. Mais est-ce pour autant le but du théâtre ? Pour répondre à cette question, nous commencerons par repérer les divers procédés utilisés pour donner une impression de réalité ; puis nous verrons que le théâtre est en fait rarement réaliste. Enfin, nous nous demanderons quelle impression produit sur le spectateur l'univers théâtral, dans la mesure où il est à la fois familier et irréel. [...]

[...] Delcampe met Dom Juan et Sganarelle à cheval mais ce sont des chevaux de carton, avec lesquels des enfants pourraient jouer. Lorsque Sganarelle, à l'acte III, veut convaincre son maître des beautés du monde, Mesguisch n'hésite pas à lui faire soulever les rochers en carton-pâte qui l'entourent, soulignant ainsi que les personnages de Molière évoluent non pas à l'air libre mais sur une scène de théâtre. D'ailleurs, souvent, non seulement le metteur en scène ne cherche pas à cacher les invraisemblances, mais il les crée : Le Malade imaginaire de Claude Stratz se déroule dans un hôpital lugubre où souffle le vent. [...]