Dans ce texte extrait de Les deux sources de la morale et de la religion, chap. IV (remarques finales), Bergson aborde le thème de l'esprit d'invention mécanique. L'auteur semble, en effet, s'intéresser ici au rôle de la science moderne dans l'élaboration des inventions mécaniques par l'homme. Pour Bergson, il semblerait que l'invention mécanique soit un don naturel qui, bien que limité dans sa progression tant qu'on s'est borné à utiliser des énergies "visibles", ne dépend pas de la science car, bien qu'avec celle-ci sa progression soit rapide, il peut à tout moment s'en séparer car il est distinct et indépendant.
Mais en quoi, précisément, est-ce que la science moderne pose problème dans la dépendance ou l'indépendance de l'esprit d'invention mécanique face à celle-ci ? Pourquoi, selon le philosophe, l'esprit d'invention mécanique ne dépend-t-il pas de la science moderne ? Pourquoi et comment peut-il se distinguer, en prenant en compte l'interaction qu'exercent l'un sur l'autre l'esprit d'invention mécanique et la science moderne ?
C'est donc ce que nous tenterons de voir tout au long de cette explication. En nous intéressant dans un premier temps à, ce qui fait que pour l'auteur, l'esprit d'invention mécanique est un don naturel, puis à ce qui fait qu'il a pu être limité sans pour autant être dépendant de la science moderne. Et enfin nous tenterons de comprendre comment l'esprit d'invention mécanique peut se mêler à la science moderne sans pour autant perdre son essence, son indépendance.
La position de l'auteur est annoncée dès le début du texte : l'esprit d'invention mécanique, en tant que faculté humaine à créer des machines, est un don naturel qui ne dépend pas de la science. Et Bergson appuie sa thèse de l'indépendance de l'esprit d'invention mécanique à l'aide d'une addition d'arguments basés sur des faits et des exemples qui visent à nous convaincre de la force de ses propos. Ainsi, il avance d'abord que "l'homme a toujours inventé des machines, [même] que l'antiquité en avait connu de remarquables" ce qui semble être un propos de nature empirique puisque l'on suppose vraiment que l'homme a inventé des machines depuis la nuit des temps, depuis toujours. Puis il ajoute que "des dispositifs ingénieux furent imaginés bien avant l'éclosion de la science moderne, et ensuite, très souvent, indépendamment d'elle", ainsi il appuie vraiment sur l'indépendance de l'esprit d'invention mécanique par rapport à la science moderne (...)
[...] Mais quand on utilise la science afin de créer des machines, on lie les deux facultés de raisonnements ensembles et on arrive à créer de grandes choses. Mais dans tout les cas, il semblerait que Bergson ait raison ; l'esprit d'invention mécanique fait partie de l'homme dans sa nature profonde car elle règle ses besoins en créant des machines dont c'est la vocation, et c'est ce qui fait qu'il n'a pas besoin de théories scientifiques pour y parvenir. Car le besoin est immédiat et il perçoit des manières de modifier son environnement pour y remédier sans réfléchir à des théorèmes mais en agissant sur la matière directement. [...]
[...] Ainsi, il demeure ce qu'il est, en tout moment et peut se séparer de la science sans problème. Ainsi dans ce texte de Bergson, nous avons vu que la faculté de l'homme à créer des machines peut s'assimiler à un esprit soit une manière de raisonner pour arriver à l'invention d'engins. Elle lui est insufflée par ses besoins et semble faire parti de lui, alors que l'esprit de la science ne sert avant tout que sa propre logique interne et la science elle-même. [...]
[...] Comme c'est le cas pour le fonctionnement de la machine à vapeur. On comprend alors qu'il faut bien faire la différence entre les moyens physiques en énergies qui peuvent limiter l'avancée de l'esprit d'invention mécanique, et les moyens techniques scientifiques qui ont pu expliquer les progrès mécaniques de certaines inventions après qu'elles aient été inventées. Car ces notions sont bien distinctes et il semblerait que les considérations théoriques (le fait de pouvoir expliquer le fonctionnement d'une chose par sa théorie, qui est scientifique) ne soient pas nécessaires à l'élaboration de machines par l'homme car 200 ans avant qu'on puisse théoriquement expliquer comment l'inventer, on avait déjà inventé la machine à vapeur qui constituait un grand progrès pour l'esprit d'invention mécanique. [...]
[...] On comprend alors que pour Bergson, puisque l'homme a inventé des machines depuis toujours et qu'il savait même à l'époque de l'antiquité (qui pourtant était une époque ou la science n'était pas à proprement parler, moderne puisqu'elle semblait assez rudimentaire) en produire de remarquables (ce mot a été choisi pour mettre l'accent sur la complexité et l'efficacité du type de machine produite indépendamment de la science, même à cette époque reculée) et puisque des dispositifs ingénieux furent imaginés par l'homme bien avant que la science moderne ne permette de les imaginer, et que même aujourd'hui des hommes sans le savoir-faire technique et scientifique arrivent tout de même inventer des perfectionnements que même de savants ingénieurs qui possèdent les connaissances requises pour y parvenir ne pensent pas à inventer ; l'esprit d'invention mécanique est un don naturel qui fait parti de la nature de l'homme depuis toujours. C'est une partie de lui, alors que la science ne fait pas, vraiment parti de l'homme car elle n'appelle pas à la même nécessité pour l'homme. En effet l'homme a besoin de créer des machines car elles répondent justement à certains de ses besoins. Et il demeure indépendant de la science car il est distinct, c'est-à dire que la science moderne toute seule n'arrive pas à créer sans l'esprit d'invention mécanique. [...]
[...] D'ailleurs l'exemple du Rhône donné ensuite par Bergson est là pour nous rappeler ce point qui pourrait sembler paradoxal. Car, tel le Rhône [qui] entre dans le lac de Genèvre, paraît y mêler ses eaux ; montre [cependant] à sa sortie qu'il conservé son indépendance. Ce qui revient à présenter la science et l'esprit d'invention mécanique de manière simple mais bien suggestive et qui nous aide à voir ce que l'auteur souhaite nous faire comprendre ; l'esprit d'invention mécanique est distinct (on peut le séparer du reste, il a une identité propre, claire, précise) et ne dépend pas de la science même si à priori, en tant que technique ou savoir faire humain on pourrait croire qu'il faudrait que ce soit le cas parce qu'avec la science, l'esprit d'invention mécanique avance plus rapidement ou avec plus d'efficacité. [...]
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