Commentaire d'un passage du texte de Bergson Evolution créatrice de "Quand l'enfant s'amuse à reconstituer une image en assemblant (...)" à "(...) mais la solution concrète apporte avec elle cet imprévisible rien qui est le tout de l'oeuvre d'art. Et c'est ce rien qui prend du temps.".
[...] Quelle est alors la fonction de cet exemple ? A travers lui, c'est le rapport au temps de toute activité technique ou mécanique qui est évoqué : la différence entre le jeu et le travail importe peu ici. Deux aspects doivent être distingués: d'une part, l'indépendance du processus technique à l'égard de la durée ; d'autre part, son caractère de copie, de recomposition qui s'oppose à la création originale. Le trait le plus remarquable est la réduction constante du temps nécessaire à accomplir le geste technique. [...]
[...] L'artiste par sa création, le grand homme par son action, reprennent à leur compte cet élan qui est la vie elle-même pour attirer l'humanité tout entière un peu plus haut. Si le geste créateur est vital c'est donc qu'il contribue de cet élan indispensable, ce qui permet de concevoir la description habituelle de l'inspiration comme un fait quasi involontaire. Les objets habituels de notre volonté sont des buts bien élaborés, des objectifs extérieurs à nous et déterminés ; or, ce que le peintre exprime, c'est lui-même et toute sa personne. Ce mouvement d'expression, Bergson le décrit et le confirme en mettant en scène le peintre et son spectateur. [...]
[...] Mais ce n'est pas à cette interprétation que Bergson se réfère lorsqu'il parle du fond de l'âme Qu'est ce alors que le fond de l'âme ? Il est difficile d'expliquer davantage cette formule un peu floue. Et pour cause : ce que l'artiste exprime, la conscience ordinaire ne sait pas le formuler. En fait, le fond de l'âme est plutôt une expression négative pour indiquer ce qui ne vient pas de la surface de l'intelligence L'intuition créatrice s'oppose ainsi à l'intelligence fabricatrice, technicienne. [...]
[...] C'est comme si c'était fait peut-il dire s'il a de l'entraînement. De même, lorsque nous examinons l'artiste, nous possédons les éléments du problème et nous pouvons imaginer les éléments qui correspondent à la partie technique de l'exécution : similitude au modèle et au peintre lui-même. Par cette expression, Bergson veut bien entendu suggérer que le tableau sera l'image de la personnalité du peintre, de son style que les critiques et les amateurs connaissent déjà. Cette prévision est toutefois abstraite, théorique, car le temps que nous pouvons nous représenter est un intervalle abstrait et non la durée concrète, dont nous avons vu qu'elle fait partie intégrante de la création artistique. [...]
[...] Et c'est ce rien qui prend du temps. Texte : Quand l'enfant s'amuse à reconstituer une image en assemblant les pièces d'un jeu de patience, il y réussit de plus en plus vite a mesure qu'il s'exerce davantage. La reconstitution était d'ailleurs instantanée, l'enfant la trouvait toute faite, quand il ouvrait la boite au sortir du magasin. L'opération n'exige donc pas un temps déterminé, et même, théoriquement, elle n'exige aucun temps. C'est que le résultat en est donne. C'est que l'image est créée déjà et que, pour l'obtenir, il suffit d'un travail de recomposition et de réarrangement, - travail qu'on peut supposer allant de plus en plus vite, et même infiniment vite au point d'être instantané. [...]
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