Beau, désordre, effet, art, philosophie, Nicolas Boileau, analyse d'une citation
Face à la richesse d'un tableau il est intéressant d'écouter ce que les hommes pensent quand ils se trouvent dans un musée. Nombreux sont ceux qui tentent d'expliquer par eux-mêmes telle ou telle oeuvre, et n'arrivant pas à donner une explication qui serait différente d'une réaction basique de la doxa, ils se contentent de dire que l'art ne peut pas être expliqué, car seul l'artiste est capable de comprendre son oeuvre, inexplicable. En effet il semble régner dans un tableau, dans un poème ou une oeuvre de musique classique une telle complexité que le désordre semble régner car les associations ne sont pas toujours compréhensibles directement et où les éléments ne semblent pas toujours être reliés entre eux, principalement dans l'art contemporain - à en juger par Le Sacre du Printemps de Stravinsky.
Boileau, qui dans son Art poétique qui écrit à propos de l'ode « un beau désordre est un effet de l'art », semble attribuer à une chose belle la notion de désordre ce qui est paradoxal et oxymorique, compensé par la polysémie qui anime le langage poétique. En effet, comment l'art peut-il, alors qu'il semble être un phénomène provenant de la nature, donner effet au désordre, qui quant à lui relèverait plus de quelque chose qui ne relève pas de la nature ?
[...] Un beau désordre est un effet de l'art, Nicolas Boileau Face à la richesse d'un tableau il est intéressant d'écouter ce que les hommes pensent quand ils se trouvent dans un musée. Nombreux sont ceux qui tentent d'expliquer par eux-mêmes telle ou telle œuvre, et n'arrivant pas à donner une explication qui serait différente d'une réaction basique de la doxa, ils se contentent de dire que l'art ne peut pas être expliqué, car seul l'artiste est capable de comprendre son œuvre, inexplicable. [...]
[...] En somme le désordre artistique est un effet de la complexité créatrice, c'est à dire de la démarche de l'art. La citation de Boileau prend ainsi un jour nouveau, elle ne considère pas le désordre artistique comme une absence d'ordre où ni règle, ni rationalité, ni principe naturel ne règne, mais comme « mutation » d'une complexité consciente. Pour poursuivre le raisonnement sur un désordre qui n'a pas de sens puisque que c'est le principe de complexité qui règne, penchons-nous sur les théories du « désordre » par Bergson dans La pensée et le mouvant. [...]
[...] Cette essence est immuable, intemporelle. C'est grâce à la connaissance de cette Idée que nous pouvons connaître ce qu'est une réalité, ou que nous pouvons reconnaître quelque chose que nous n'avons encore jamais vu de nos yeux. La notion d'Idée n'est comme une représentation qui serait le produit de l'activité de notre esprit, c'est une réalité qui existe indépendamment de nous, dans le « monde intelligible ». Cependant c'est le monde intelligible que nous prendrons au sens de puissance de la nature, la vérité qui nous échappe qui est un moteur de notre inconscient car il appartient au principe naturel, l'homme étant un résultat de la nature. [...]
[...] Il n'y a pas d'univers chez les grecs, ils parlent de « κοσμος » (cosmos : « monde ordonné » en grec), un monde clos, où tout serait ordonné par la volonté divine s'opposant au « καος » (chaos : « faille, béance » en grec) ou comme Hésiode le dit « Donc, au commencement, fut Chaos, et puis la Terre au vaste sein, siège inébranlable de tous les immortels qui habitent les sommets du neigeux Olympe ». Le chaos c'est le rien avant le tout, le cosmos, selon Hésiode précède même les dieux, un vaste rien où le néant règne. En somme le désordre serait le chaos, où le néant règne. D'après le Lalande : « Ordre : A. Ordnung, L'une des idées fondamentales de l'intelligence. On n'en peut donner de définition qui la rende plus claire. [...]
[...] Elle repose sur l'Idée, « une cohérence quelconque (aux yeux de l'esprit) fondée sur un rapport quantitatif, qualitatif, mécanique ou téléologique » quelconque car hors de notre portée, il y a impossibilité à comprendre tous les paramètres de l'ordre, toutes ces déterminations naturelles. En somme l'art aurait pour effet d'abolir les déterminations naturelles, où en résulterait le désordre. De plus la notion de désordre peut également se retrouver en science. Ce n'est pas le Hasard auquel on pourrait l'apparenter où le désordre serait le manque d'ordre d'une série hasardeuse. Prenons l'exemple de l'élève qui note la suite de nombre donnée par sa calculatrice en appuyant sur la touche « Random » (« hasard » en anglais). [...]
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