Dans Essais critiques, Roland Barthes se veut libre lecteur. Il rejette les méthodes critiques traditionnelles, particulièrement la méthode lansonienne, et se désintéresse des grands auteurs comme Proust, Voltaire ou Kafka. Il refuse l'idée d'une énonciation simple. Selon lui, l'auteur doit céder sa place au lecteur qui, lui-même, possède sa propre lecture de l'oeuvre. Il affirme que "la naissance du lecteur doit se payer de la mort de l'auteur". Dans l'extrait étudié intitulé "Les deux critiques" et situé dans Essais critiques, Roland Barthes met l'accent entre deux types de critiques différents. En effet, il met en opposition la critique universitaire ou positiviste apportée par Lanson et une critique moins traditionnelle, la critique d'interprétation ou critique idéologique (...)
[...] Pour lui, les intentions de l'auteur doivent être moins prises en compte que les interprétations faites par les lecteurs. Roland Barthes s'attarde aussi sur les limites de la recherche des sources. Une œuvre ne peut pas ne représenter qu'une déformation d'un modèle précis. La critique universitaire donne ainsi une vision trop fermée de la littérature en assimilant l'œuvre à d'autres œuvres, reniant ainsi une véritable création de l'auteur. De ce fait, il est visible que Roland Barthes s'attaque au lansonisme en l'accusant d'enfermer l'œuvre dans un seul et unique sens alors qu'une œuvre peut se renouveler. [...]
[...] Par opposition à la critique universitaire, Roland Barthes expose les principes d'une critique plus moderne, la critique d'interprétation pouvant être aussi appelée critique idéologique. Cette critique met en relation des auteurs différents en démontrant le fait que leurs œuvres peuvent être rapportées à un important courant idéologique présent au moment de l'écriture. Cette méthode critique s'intéresse à l'œuvre en elle-même. Son travail ne s'effectue que sur une seule œuvre. La critique idéologique permet d'analyser l'œuvre par rapport à elle-même. Elle tend plus vers l'explicitation de l'œuvre que vers une explication détaillée de celle-ci. [...]
[...] Certes Lanson étudie les intentions de l'auteur, mais il insiste plus sur l'époque énonçant ainsi les principes de l'histoire littéraire. En effet, il replace l'auteur et l'œuvre dans un mouvement ou une époque. De ce fait, la critique universitaire applique des méthodes similaires à celles de Lanson. La recherche des sources est aussi spécifique à la critique positiviste. Le critique recherche les éléments antérieurs à l'œuvre ayant été sources d'inspiration. Il s'intéresse ainsi aux expériences littéraires de l'auteur qui doit faire du neuf avec de l'ancien. [...]
[...] Roland Barthes en vient à la confrontation entre les deux méthodes critiques. Il considère que la critique universitaire ne rejette pas la critique idéologique par peur du nouveau mais par le fait que la critique d'interprétation n'effectue pas l'étude des sources et la mise en rapport d'œuvres entre elles. La critique idéologique effectue un travail consacré à l'œuvre en elle-même tandis que la critique universitaire ne s'intéresse pas simplement à l'œuvre mais à tout ce qui l'entoure. Elle rejette l'idée d'un travail consacré exclusivement à l'œuvre en elle-même. [...]
[...] De ce fait, Roland Barthes se place du côté de la critique textuelle qui permet une approche cadrée de l'œuvre. Il privilégie les formes et les structures qui,pour lui, sont essentielles à la compréhension de l'œuvre. Cependant, Roland Barthes montre que cette forme de critique est difficilement utilisable dans le milieu universitaire. En effet, elle ne représente pas la nécessité d'un savoir assez vaste contrairement à la critique positiviste. De ce fait, les normes d'enseignement ne seraient pas assez cadrées rendant difficiles les mesures de sélections. [...]
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