Une partie du "Banquet" de Platon est consacrée à la démonstration de la participation du mortel dans l'immortalité et le raisonnement qui y conduit est essentiel par les problèmes qu'il soulève. Au fil de son cheminement, Platon répond à plusieurs questions. Demeure-t-on toujours le même ? La vie survit-elle à la mort ? L'immortalité est-elle accessible ? Transmettre la vie, est-ce créer de l'immortalité ?
Le texte dans sa globalité semble être régi par la volonté de répondre à une interrogation principale née de ce qui est une conviction : comment ce qui est mortel, représenté par l'être vivant, peut-il "participer de l'immortalité"?
[...] Il prouve que la dynamique de mortalité est garantie par le renouvellement de nos caractères et s'achemine ainsi vers la thèse qu'il énoncera dans l'ultime étape. À ce stade, il n'est toujours pas expliqué comment le lien entre la mortalité et l'immortalité est créé. C'est ce qu'il s'efforce donc de faire dans la dernière partie. La dernière phrase de son texte permet, en effet, à Platon de tirer les conclusions de son raisonnement et de formuler la thèse finale de son argumentation. [...]
[...] C'est cependant la vie mortelle et non immortelle qui est transmise à travers les caractères puisqu'à moins d'ajouter un caractère d'immortalité, l'être postérieur évolue selon le même schéma que celui qui lui précède. À la fin de sa vie, l'être vivant aura donc été une succession d'êtres se ressemblant mais n'étant jamais les mêmes et partageant la même mortalité. Dans l'expression ce qui est mortel participe de l'immortalité Platon lie pourtant l'immortalité à ce qui est mortel, l'être vivant par exemple. [...]
[...] Dans celle-ci est contenu le prédicat mortel, c'est-à-dire que sa vie a un terme. Il en va de même avec l'être vivant mais à propos de la vie et non plus de sa vie. Il la reçoit à la naissance tout comme il doit la perdre puisqu'il s'agit du cours inéluctable des choses. Il est donc défini comme mortel. Mais ce qu'il possède avec sa vie, c'est aussi la vie. Tout comme n'importe quel autre être vivant, il la possède et c'est ce qui lui permet de s'animer et qui distingue une chose d'un être. [...]
[...] Platon, en concluant que tout ce qui est mortel participe de l'immortalité crée donc un lien entre ces deux notions en prouvant sa thèse c'est-à-dire l'idée qu'il a que le mortel a le pouvoir de dépasser sa mortalité justement parce qu'il peut transmettre la vie. Ainsi, sans être l'immortalité, il y participe en lui permettant de perdurer. Au terme de sa réflexion, Platon répond à la question sous-jacente tout le long du texte : Comment ce qui est mortel participe de l'immortalité ? La réponse, elle est au cœur de ce qu'est l'être vivant c'est-à-dire la vie et jusqu'alors celle-ci a perduré. L'affirmation de Platon est donc la conviction qu'elle ne disparaîtra plus. [...]
[...] Il apparaît nécessaire de questionner plus en profondeur cette thèse de Platon et il ressort que la notion de temps est amenée à intervenir. Le devenir nouveau, comme tous les phénomènes est en effet intimement dépendant du temps. Or, comment peut-on devenir nouveau, donc devenir une nouvelle chose, un nouvel être vivant, sans amener avec soi un passé ? L'être vivant est défini par Platon avec une âme dans laquelle se situent les dispositions, caractères, opinions, désirs, plaisirs, chagrins, craintes Cette liste des choses qui façonnent notre conscience met également en scène le temps puisqu'un caractère n'est pas atemporel, il existe sur la durée. [...]
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