Pascal, Pensées, Le Divertissement, condition humaine, condamnation du divertissement
Les Pensées, rédigées par Pascal entre 1656 et 1662 sont présentées sous la forme d'un recueil de notes destinées à l'élaboration d'une Apologie (= éloge argumenté) de la religion chrétienne. Mais l'auteur n'eut pas le temps de mener à bien ce projet et ses papiers furent retrouvés après sa mort et rassemblés dans cette œuvre posthume. Le projet apologétique de Pascal était non celui de prouver l'existence de Dieu, car il n'y a pas de certitude de Dieu, mais plutôt de démontrer que l'homme ne peut trouver la paix intérieure et le véritable bonheur qu'en acceptant que Dieu lui vienne en aide par le biais de la grâce.
[...] Avec le divertissement, il n'y a point de tristesse (l. 32-33). Pascal achève sa démonstration en fournissant un dernier exemple généralisable, celui des personnes de grande condition dont le bonheur vient de ce qu'elles disposent d'un nombreux entourage capable de les divertir, ce que souligne le rapprochement lexical bonheur / divertissement Mais Pascal ne se contente pas de produire un raisonnement progressif et rigoureux, il en fait aussi un raisonnement implacable en ce qu'il est clos sur lui-même, enfermant le lecteur dans sa logique propre. [...]
[...] * La découverte (l. Après l'observation vient la découverte qui en apparaît comme la conséquence. L'explication fournie par Pascal est simple : si l'homme s'agite ainsi, c'est parce qu'il ne peut rester en repos, parce que l'immobilité, la stabilité lui sont insupportables. Dans quatre phrases successives, l'auteur insiste sur cette idée. Il le fait de deux manières : * Il accumule les expressions qui montrent ce refus constant de demeurer chez soi : qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre . [...]
[...] Celle-ci est présentée comme une condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler C'est un registre discrètement pathétique qui préside à cette description. Ces adjectifs suivent un crescendo rythmique : faible 1 syllabe, mortelle 2 syllabes, misérable 3 syllabes qui met en valeur le dernier d'entre eux misérable lequel englobe les précédents et répond au titre d'une des sections des Pensées : Misère de l'homme sans Dieu Pascal nous offre donc bien sa présentation pessimiste d'une humanité souffrante. [...]
[...] Les satisfactions obtenues sont elles aussi factices : bonheur et vraie béatitude sont régis par la négation. Le divertissement ne procure pas de bonheur authentique et les hommes le savent bien. Le paradoxe est donc que les hommes ne cherchent pas ce qu'ils semblent désirer. Pascal le formule brutalement à la fin du texte : on recherche en fait le tracas qui nous détourne d'y penser et nous divertit Le paradoxe est finalement que la paix trouble les hommes, quand le trouble au contraire les apaise. [...]
[...] conversations et divertissements mondains (l. grands emplois (l. jeu et chasse (l. 22). Pascal insiste sur l'aspect chaotique que prennent les affairements humains. Le lexique est celui du désordre, mais aussi du danger. Si les maux sont nombreux, le remède, lui, paraît simple et unique : demeurer en repos dans une chambre Ainsi le constat est bien celui d'une humanité livrée pour son malheur au désordre et au chaos. Trompeusement, Pascal suggère ainsi que si les hommes se livrent à des occupations si vaines et si désordonnées, qui vont parfois contre leur propre intérêt, c'est qu'ils sont au fond d'eux-mêmes troublés et inquiets : ils cherchent à fuir quelque chose, en l'occurrence eux- mêmes. [...]
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