Problématiques :
-Le travail est-il libérateur ou oppresseur ? / Le travail peut-il permettre à l'homme de s'épanouir ?
- Pourquoi fait-on l'éloge du travail ? Quand on érige le travail en valeur morale, quelle est la véritable origine de cette conception ?
Thèse :
Il s'agit pour l'auteur de critiquer de façon négative la valorisation du travail, en remontant à l'origine cachée de cette idée : la peur. Les tendances individuelles sont perçues comme pouvant perturber l'ordre social : le travail tant qu'il permet de les étouffer, est donc loué. L'auteur dénonce ici la place du travail dans les sociétés industrielles occidentales : il a pour fonction principale d'être un moyen répressif : "la meilleure des polices" (...)
[...] Quelle serait cette fin ? Peut-être avoir le courage de reconnaître et de réaliser nos propres désirs et de refuser certains renoncements à ce que nous sommes vraiment, au risque d'être incompris ou rejeté. Le travail a donc comme fonction d'être la meilleures des polices la meilleure car la plus efficace mais aussi la plus discrète et insidieuse : Nietzsche cependant refuse d'y voir un rôle bénéfique, nécessaire au bon fonctionnement de la société, car la rançon et la sécurité est trop lourde à payer. [...]
[...] Bref, le tendances individuelles sont considérées comme potentiellement antisociales donc dangereuses. - Au contraire, on adore aujourd'hui (et Nietzsche ne veut pas s'inclure dans ce on la sécurité comme la divinité suprême : cette phrase peut paraître surprenante car il peut sembler très légitime de rechercher sa sécurité. Or l'auteur méprise l'idolâtrie de la sécurité : il critique la société de son temps qui préfère l'absence de conflits, la vie tranquille à la liberté. Faire passer la sécurité avant tout c'est considérer comme acceptable et même souhaitable la répression des désirs personnels. [...]
[...] On pourrait objecter que le travail de l'artisan mobilise les qualités du travailleur, son intelligence et son habileté, et qu'il est impersonnel au sens où il suppose un investissement de soi. Néanmoins Nietzsche précise bien qu'il entend par travail le dur labeur du matin au soir : effectivement il écrit après la révolution industrielle, au moment de l'avènement du machinisme et de l'usine. Les horaires et les conditions de travail des ouvriers deviennent pénibles. Le travailleur se voit cantonné à une tâche répétitive et ne supposant aucune compétence particulière. N'importe qui d'autre pourrait l'effectuer. Il n'a aucune initiative mais se contente d'obéir. [...]
[...] Freud, quelques décennies plus tard, inventera le concept de sublimation pour nommer cette façon de détourner les pulsions de leur but sexuel ou agressif vers des buts socialement utiles, à une différence près cependant : pour Freud (contrairement à Nietzsche) l'individu peut trouver une satisfaction personnelle dans la sublimation, moyen (involontaire, car c'est un processus inconscient) de concilier exigences sociales et bonheur de l'individu. Or chez Nietzsche, la perspective d'une telle conciliation n'apparaît pas. Selon lui le plaisir de l'individu est sacrifié. Par ailleurs on pourrait ici rappeler comment Georges Bataille a développé également l'idée selon laquelle le travail discipline l'homme, le contraint à se dominer, le conduisant à ne pas satisfaire immédiatement ses besoins animaux et à contrôler ses gestes. [...]
[...] Quand on érige le travail en valeur morale, quelle est la véritable origine de cette conception ? Thèse : Il s'agit pour l'auteur de critiquer de façon négative la valorisation du travail, en remontant à l'origine cachée de cette idée : la peur. Les tendances individuelles sont perçues comme pouvant perturber l'ordre social : le travail tant qu'il permet de les étouffer, est donc loué. L'auteur dénonce ici la place du travail dans les sociétés industrielles occidentales : il a pour fonction principale d'être un moyen répressif : la meilleure des polices L'enjeu : L'enjeu est ici de nous révéler la véritable cause d'une idée : cette cause étant la peur, on voit que cette idée d'ériger le travail en valeur morale n'est pas fondée rationnellement, qu'elle relève davantage du sentiment que de la raison. [...]
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