Dans La Poétique, Aristote s'attache à distinguer la création poétique des disciplines avec lesquelles elle pourrait se confondre : la rhétorique, l'histoire mais aussi la philosophie. Il lui ouvre ainsi un espace en circonscrivant son objet et en décrivant les outils auxquels celle-ci peut faire appel. Mais c'est davantage comme une réponse à Platon qu'il faut aborder ce texte. En effet, Platon est l'origine d'un différend entre la philosophie et la création poétique, puisqu'il refuse d'intégrer les poètes au sein de sa République, s'ils ne se soumettent pas préalablement au modèle défini par le philosophe. Le principal motif d'incrimination est le suivant : l'art poétique est une imitation, donc un art d'illusion. Aristote, en réaction à cette condamnation, projette donc d'émanciper l'art poétique en le définissant comme une entité autonome. A la place d'un art d'illusion, Aristote voit en la poésie une pratique plus philosophique et plus noble que le récit historique (auquel va la préférence de Platon), car moins soumise au particulier. L'intention d'Aristote est donc clairement normative, il s'agit non seulement d'établir le but de la poésie, mais aussi d'exposer les moyens de parvenir à la fabriquer, c'est-à-dire de formuler une technique poétique.
[...] En son nom, le poète ne doit dire que très peu de choses car ce n'est pas par là qu'il est imitateur. Il est préférable de composer un préambule succinct que de se mettre en scène personnellement d'un bout à l'autre (sinon on imite peu de choses) L'irrationnel dans l'épopée (chap. 24) L'épopée admet plus aisément l'irrationnel que la tragédie. Toutes les deux doivent produire l'étonnant, ce à quoi l'irrationnel concourt pour une grande part. Dans l'épopée, l'irrationnel se fait moins remarquer car on ne voit pas le personnage agissant. [...]
[...] L'intrigue 1. Définitions et conséquences L'intrigue est une totalité organisée et perceptible (chap à Une intrigue bien construite doit former un tout, c'est-à-dire avoir un début, un milieu et une fin. Le commencement est ce avant quoi il n'y a rien, et ce après quoi il y a forcément quelque chose. Une fin, c'est le contraire. Le milieu est ce qui vient après autre chose et est suivi d'autre chose. Première conséquence : son étendue, le revirement des actions (chap. [...]
[...] L'unité d'action doit donc correspondre à l'unité de l'objet. L'intrigue est l'imitation d'une action, elle doit donc former un tout où toutes les parties s'entre répondent : changer un seul élément dans les faits doit également bouleverser l'ensemble de l'œuvre. Le poète ne doit pas dire ce qui s'est passé, mais ce qui pourrait arriver, ce qui est possible selon le vraisemblable ou le nécessaire. En cela, le poète se distingue de l'historien, car c'est à ce dernier que revient le rôle de dire ce qui s'est passé. [...]
[...] Ainsi un vers qui n'emploie que des mots courants semblera plat, alors que l'introduction d'un mot étranger le rendra beau. Il est donc normal qu'un poète n'utilise pas les tournures courantes de la conversation car il doit viser l'absence de trivialité dans son expression. Il faut bien user de chacun des mots mais surtout des métaphores : car cela seul ne peut être pris d'un autre et c'est l'indice d'une nature bien douée VI. L'épopée 1. L'intrigue épique (chap. 23) Comme dans les tragédies, l'imitation narrative en vers doit élaborer des intrigues dramatiques (c'est-à-dire que le poète doit faire parler les personnages). [...]
[...] L'unité dans l'imitation est moindre chez les auteurs épiques. Ainsi la tragédie peut être dite supérieure à l'épopée puisqu'elle atteint mieux la fin de l'art en moins de temps : imiter et agencer des actions en vue de susciter la crainte, la pitié, l'amplification et la vraisemblance. Aristote a livré au chapitre 6 une définition de la tragédie qu'il est important de retenir : la tragédie est l'imitation d'une action noble, conduite jusqu'à sa fin, ayant une certaine étendue, formant un tout, et qui, par l'entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions. [...]
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