Il s'agit du commentaire complet du texte d'Aristote, Physique, IV, 218b20-219b2, traduction Pellegrin, GF Flammarion, 2000.
[...] Reste à savoir le rapport entre temps et mouvement, à partir de cette structure polaire de l'avant et de l'après. Cf. Physique p x x Le temps est la mesure du mouvement en tant qu'il mesure sa durée et le mouvement détermine le temps en tant qu'il est son support, son support matériel, ce qu'Aristote appelle cause matérielle. Ainsi le temps ne serait que l'effet formel du mouvement et en tant que forme (cf. infra, topo sur le rapport entre forme et matière), il le structure, l'individualise et permet, pour une conscience, de le percevoir en le déterminant. [...]
[...] Mais peut-on penser un temps autrement que temps perçu ? Pour cela Aristote va développer une fable, celle des dormeurs de Sardaigne, afin de pointer ce que pourrait être, par la négative, un temps non perçu : x x Ce qu'apprend cette fable c'est non seulement que l'inexistence du temps peut être non seulement être pensée (les opinions des sceptiques par exemple) mais elle peut être vécue. Cette expérience est liée à des états (quasi pathologiques d'ailleurs et, en quelque sorte mythique comme l'atteste la fable), des états d'inconscience, comme anesthésie, comme non perception du mouvement. [...]
[...] C'est le maintenant, l'instant ( ) Et qu'est-ce que le maintenant ? C'est ce qui est déterminé en fonction d'un avant (τὸ PIροτὲρον) et d'un après (ὔστερον) dans le mouvement (τὸ ἐν κινὴσει). Et avant et après désigne un seul et unique phénomène. C'est parce qu'il y a cette structure antéro-postérieure que le mouvement est orienté, orienté selon l'antérieur et le postérieur. C'est parce qu'il se meut suivant cette structure, cette orientation que l'on peut distinguer un passé un présent et un futur. [...]
[...] Un, formant une totalité, suivant un mouvement continu et homogène et deux parce que sont deux éléments distincts (d'où le caractère événementiel de l'instant, singulier). C'est pour cela que le temps est à la fois un et multiple, une totalité et en même temps une déchirure. Il est une totalité en tant qu'il maintient la déchirure des instants distincts. Comment alors définir, le maintenant, l'instant présent ? C'est l'articulation de l'antérieur au postérieur. D'où d'ailleurs son caractère évanescent, comme articulation toujours mouvante. [...]
[...] Comment articuler l'unité au multiple ? Comment comprendre leur unification dans une unité (le troupeau) alors qu'ils sont multiples ? C'est le nombre (par exemple dix chevaux) qui nous fait connaître leur pluralité et en même temps c'est l'unité cheval qui nous permet de connaître ce nombre même. De même, c'est le mouvement (mesurant le plus ou moins du temps, son aspect quantitatif) qui permet de distinguer des nombres mais c'est le nombre (la mesure arithmétique) qui permet de prendre conscience du mouvement, en y distinguant un avant et un après, permettant de constituer la ligne du mouvement, pour reprendre un autre exemple. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture