Après avoir étudié les différents genres de l'être dans les Catégories, Aristote se lance dans De l'interprétation, traité qui prépare les Analytiques. Ce traité est probablement celui d'un philosophe ayant atteint l'acmé de sa puissance spéculative : les problèmes sont posés sans ambages et se trouvent résolus de manière fine et rigoureuse. Il faut insister sur l'étude notamment du chapitre 9 portant sur les futurs contingents car il répond scrupuleusement aux célèbres arguments des Mégariques, ainsi que sur le chapitre 13 qui pose et résoud le problème de la consécution des modales. Comme pour les Catégories, l'authenticité du texte a été pendant longtemps très problématique, mais ici encore, Tricot se refuse à la remettre en cause. Sur le plan méthodologique, nous avons cherché à coller au plus près du texte afin de suivre dans le contexte
le raisonnement du Stagirite. Nous n'avons pas hésité cependant à mettre en évidence les passages essentiels pour les rendre plus sensibles à la lecture.
[...] L'homme est ainsi lui-même un principe des futurs. Certaines choses, qui sont en puissance, peuvent aussi bien être que ne pas être, arriver ou ne pas arriver. Ce n'est pas par l'effet de la nécessité que les choses sont ou deviennent : tantôt on a affaire à une véritable indéterminaition, tantôt la tendance dans une direction donnée est plus forte et plus constante, bien qu'il puisse arriver que ce soit l'autre qui l'emporte et non pas elle. Il faut distinguer le nécessaire simple (ce qui est est, quand il est) du nécessaire par hypothèse (tout ce qui est ne doit pas nécessairement exister, ce qui était peut ne plus être). [...]
[...] Pour qu'il y ait une affirmation, il faut qu'il y ait un verbe. Les propositions de secondo adjacente sont celles du type tout x est, x n'est pas, etc. Les propositions de tertio adjacente sont celles du types x est juste, le verbe est forme alors le troisième élément de l'affirmation (il n'est absolument parlant ni un nom ni un verbe, c'est un nom qui marque le temps). Plusieurs cas sont possibles : Tableau I : L'homme est juste L'homme n'est pas juste L'homme n'est pas non-juste L'homme est non-juste De même si c'est universellement qu'a lieu l'affirmation du nom : Tableau II : (A') Tout homme est juste (D') Quelque homme n'est pas non-juste (B') Quelque homme n'est pas juste (G') Tout homme est non-juste Les diagonales dans ce dernier tableau ne peuvent pas toujours être vraies en même temps, mais seulement dans certains cas (dans le tableau les propositions ne sont pas prises universellement). [...]
[...] Or c'est dans les opposés (négation/affirmation d'un même attribut) que réside l'erreur. L'erreur se produit dans les choses générables, car l'erreur est la génération d'une jugement faux dans l'esprit ; or la génération se fait entre des opposés, car elle est un mouvement du non-être à l'être, d'un terme nié à un terme affirmé ; c'est donc bien dans les oppositions que résident l'erreur. Donc c'est dans les opposés que consiste la contrariété. Troisième preuve : le bon peut être à la fois bon (par essence) et non-mal (par accident). [...]
[...] Ce n'est pas non plus possible pour les prédicats dont l'un est contenu dans l'autre (cf. les tautologies du type Socrate est homme-bipède, bipède est contenu dans homme). Par contre ce qu'il est vrai d'affirmer d'une chose particulière peut l'être aussi au sens absolu. On peut dire de tel homme déterminé qu'il est homme. Sauf quand quelque chose d'opposé est contenu dans le terme ajouté (ex : il est faux de dire qu'un homme mort est homme). L'attribution doit se faire par soi, selon l'essence (tel homme est homme). [...]
[...] Septième problème : peut-on comparer entre elles les propositions définies et les propositions indéfinies ? Aristote répond par une distinction : pour les propositions à sujet indéfini (tout non-homme) ce n'est pas possible : ni comme opposées, ni comme équipollentes, ni comme antécédente et conséquente, avec les propositions à sujet défini. pour les propositions dont l'une est à prédicat défini et l'autre à prédicat indéfini, la comparaison entre elles est possible, à la condition que les sujets soient tous deux indéfinis (tout non-homme, aucun non-homme), ou même tous les deux définis (tout animal est juste). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture