Nous ne pouvons pas vivre seuls. Nous avons besoin des autres pour survivre et pour notre équilibre mental. C'est par les relations que nous entretenons avec les autres que nous prenons conscience de nous-mêmes et que nous avons le sentiment de la réalité du monde extérieur. C'est aussi par l'intermédiaire des autres que nous apprenons à parler et à penser. Quel doit être le fondement des relations entre les êtres humains ? N'est-ce pas la vertu ? Mais qu'est-ce que la vertu ? C'est ce problème qu'Aristote se pose dans ce texte. Est-elle un juste milieu, une sage moyenne ? En quoi consistent exactement ces notions ? Le ton d'Aristote est en partie celui de l'enquête. La difficulté consiste à dégager la conception propre d'Aristote, beaucoup plus originale qu'il n'y paraît, de la conception grecque usuelle et des dérivations que la notion subit inévitablement dans la pratique morale. L'explication sera organisée autour de deux pôles : le point de vue de la quantité, et le point de vue de la qualité.
[...] La vertu n'est pas non plus assimilable aux capacités d'action. On peut en effet être vertueux et privé de possibilités d'agir. Et inversement, on peut avoir des possibilités d'agir et ne pas être vertueux. Ce passage n'est guère platonicien. Aristote rompt ici avec les morales de l'initiation, celui qui connaît le Bien fait le bien. En d'autres termes, il ne suffit que les vertus existent, fassent l'objet d'une connaissance, d'une prise de conscience. La vertu implique la pratique continue qui relève de la volonté. [...]
[...] Elle est puissance de régler son existence, de la conformer à la mesure du Bien. Elle se distingue de la connaissance qui se meurt dans la sphère du vrai et du faux. La volonté est choix du bien et du mal. La vertu ne saurait donc être forcée. Il n'y aura pas de vertu en cas de dressage mécanique. Il n'y aura pas de vertu si l'acte est effectué par contrainte. La définition de la vertu comme disposition acquise volontaire revient à faire de l'agent le principe de ses actes. [...]
[...] Aristote donne lui- même des exemples. Un peu avant ce texte, il détermine un milieu objectif : 6 est le milieu entre 2 et 10 puisqu'il faut ajouter et retrancher 4. Il détermine aussi un milieu subjectif, par exemple, le poids de nourriture qu'il faut à x ou y pour le satisfaire physiologiquement. On atteint ainsi une notion d'équilibre qui est non seulement grecque (morale de la mesure ni trio, ni trop peu), mais universelle. Pourquoi ce problème de la quantité en éthique ? [...]
[...] La vertu est une capacité qui peut être présente ou non. Personne n'est spontanément vertueux. C'est pourquoi l'homme est responsable de sa vertu et de ses vices, responsable avant que les choix concrets ne soient effectués. Devant une situation donnée, un homme réagira d'une certaine manière. C'est à l'homme de se mettre dans des dispositions requises pour pouvoir choisir et réaliser le Bien. La vertu n'est pas l'acte, mais elle n'est pas non plus pure puissance. La puissance n'est pas une capacité positive, une sorte de prédétermination, mais le fait de ne pas être incapable de. [...]
[...] Si nous en restons à la relativité du Bien, il faut dire qu'il n'y a jamais de juste milieu mais toujours, un injuste milieu. D'un autre côté, si l'on en restait au platonisme qui préserve l'unicité du Bien, mais abandonne l'existence humaine à la multiplicité indéfinie, il faudrait avouer que le Bien est un absolu étranger, inaccessible à l'homme. A la limite, il n'y aurait qu'une aspiration morale, mais jamais de morale. Les références servent donc à détruire de mauvaises solutions. [...]
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