La nécessité de tendre vers le bonheur ayant été posé plus tôt dans l'Ethique à Nicomaque, Aristote se demande ici quelle est l'activité de l'âme qui permet d'y accéder. Ainsi, le bonheur n'est pas une donnée de l'extérieur, mais bien quelque chose que l'on doit trouver en soi-même, par ses propres actions. Pour obtenir la vie la meilleure, on cherche quelle est la meilleure activité. Dans ce texte, Aristote répond à la question de savoir quelle est cette activité, quel est le meilleur type de vie que l'homme puisse adopter, quel est finalement le contenu de ce bien suprême qu'est le bonheur ? S'agit-il du plaisir, comme le pense le commun des mortels, ou encore la gloire, le succès militaire, les honneurs politiques ?
Pour Aristote, c'est la vie contemplative du sage qui permet d'accéder au bonheur le plus parfait, en tant qu'il correspond à la part de divin que nous avons en nous.
Pour appuyer son propos, Aristote développe une argumentation en trois temps. Après avoir affirmé sa thèse, à savoir que la vie contemplative permettant l'activité théorétique correspond au bonheur le plus parfait (I), il avance les différentes raisons qui apparentent cette vie au bonheur (II). Finalement, plutôt que de conclure que l'homme, pour être heureux, doit être perpétuellement dans la contemplation, Aristote introduit une nuance : l'homme n'étant pas un Dieu, il ne peut être parfait. Mais il est malgré tout de son devoir de tendre autant qu'il lui est possible vers la part divine qui est en lui, vers sa fin propre et le bonheur parfait (III).
[...] L'homme qui ne ferait que contempler n'aurait plus rien d'un homme. Il est donc vrai que cet élément divin que nous avons en nous, cette capacité à contempler, est inatteignable dans sa réalisation complète. Mais l'activité de cet faculté est alors aussi supérieure à toutes les autres : c'est l'activité suprême. L'intellect étant divin, la vie contemplative est également divine en comparaison avec la vie simplement humaine. Mais plutôt que de penser qu'il ne peut accéder à un bonheur trop élevé pour lui, l'homme doit au contraire selon Aristote assumer pleinement sa part de divinité, en refusant de se contenter des choses humaines. [...]
[...] Or, pour Aristote « le plaisir est l'achèvement de l'âme ». Il survient quand un acte est parfait. Par exemple, si j'ai soif et que je bois, j'éprouve du plaisir quand mon organisme parvient à retourner à un état d'équilibre, au meilleur de ce qu'il peut être. Le plaisir est lié à la sensation de perfection, d'actualisation de toutes les facultés en puissance. Le plaisir n'est pas un bien en soi, car nous ne pouvons jamais le désirer pour lui-même, sans l'accompagner de la raison, mais il accompagne le bien et permet de le reconnaître. [...]
[...] Etant ce qui le distingue des animaux, c'est aussi ce qu'il y a de plus humain en lui, donc la partie supérieure de son âme. Par ailleurs, tandis que l'âme animale se distingue de l'âme végétale par sa faculté de sentir, l'âme humaine se distingue quant à elle de l'âme animale par sa faculté de connaître : elle porte sur les plus hauts de tous les objets, c'est-à-dire non pas les objets en eux-mêmes perçus par les sens, mais la manière d'être de ces choses. [...]
[...] On peut même envisager que cette excellence n'est pas absolue, mais s'inscrit dans un environnement particulier, dans une situation qui nous est propre. Si l'activité politique de tous les citoyens n'est pas nécessaire à la société, et que certains peuvent prétendre s'en abstraire pour trouver le bonheur de la vraie contemplation, la vie heureuse autant qu'il est possible, il n'en demeure pas moins que le politique est l'affaire de tous, et offre aussi des perspectives d'excellence au travers des choix et des actions qu'il met en place. [...]
[...] Il affirme que le bonheur est dans le désir en soi, car celui-ci enchante en quelque sorte la vie en permettant à l'homme de dépasser par la pensée les bornes que lui impose nécessairement sa condition. Pour Aristote au contraire, le plaisir réside dans l'accomplissement, dans l'accession à la finalité. De plus, la contemplation est l'activité propre au bonheur, car elle répond également au critère d'autosuffisance. Ainsi, selon Aristote, le bonheur est tel qu'il n'a besoin de rien d'autre, il est en lui-même une fin et jamais un moyen. C'est une caractéristique du Dieu aristotélicien que l'on retrouve dans l'activité théorétique. [...]
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